Le procès des viols de Mazan, une affaire d’une ampleur sans précédent en France, s’est clôturé ce 19 décembre 2024 devant la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon
Après plus de trois mois d’audience, Dominique Pelicot et 49 co-accusés ont été reconnus coupables des faits de viols et agressions sexuelles sur Gisèle Pelicot, droguée et abusée à plusieurs reprises. Les peines prononcées vont de 3 ans de prison, dont 2 avec sursis, à 20 ans de réclusion criminelle.
Dominique Pelicot : l’instigateur du drame
Dominique Pelicot, qualifié de « chef d’orchestre » de ce schéma criminel, a été condamné à la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle, assortie d’une période de sûreté des deux tiers. Ce dernier recrutait des hommes sur le forum libertin Coco.gg (désormais fermé) pour violer sa femme, qu’il avait préalablement droguée. Au moment du verdict, Dominique Pelicot a montré des signes d’abattement mais n’a pas réagi davantage. Il sera inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais), et sa situation sera réexaminée en fin de peine.
Les co-accusés et la diversité des peines
Les 49 autres accusés, âgés de 27 à 74 ans, ont écopé de peines variées, en fonction de leur implication et des circonstances atténuantes ou aggravantes. Aucun acquittement n’a été prononcé, bien que plusieurs accusés aient plaidé leur ignorance de l’état inconscient de la victime ou évoqué une manipulation de la part de Dominique Pelicot.
Peines les plus lourdes :
Les quatre hommes s’étant rendus à six reprises chez le couple Pelicot ont été particulièrement sanctionnés. Jérôme V., Dominique D., Romain V., et Charly A. ont reçu des peines allant de 13 à 15 ans de réclusion. Parmi eux, certains devront également suivre un traitement sociojudiciaire.
Jean-Pierre M., poursuivi pour des viols sur sa propre épouse, a été condamné à 12 ans de réclusion. Mohamed R., seul accusé jugé pour des faits ayant eu lieu en dehors du domicile des Pelicot, a écopé de 8 ans.Autres condamnations significatives :
Des peines de 6 à 11 ans ont été prononcées pour des faits de viols aggravés ou de détention d’images pédopornographiques, avec souvent des injonctions de soins. Parmi les accusés figurent des récidivistes, comme Fabien S., déjà condamné à 18 reprises, et Cédric G., dépeint comme dangereux par ses ex-compagnes.Peines les plus légères :
Les peines minimales, allant jusqu’à 3 ans de prison dont 2 avec sursis, ont concerné des accusés pour lesquels les faits ont été requalifiés en atteintes sexuelles ou tentatives de viol.
Débat sur l’intentionnalité et l’altération du discernement
Durant les 15 semaines d’audience, plusieurs avocats ont tenté de démontrer que leurs clients avaient été « trompés » par Dominique Pelicot. Ils évoquaient un scénario libertin où Gisèle Pelicot feignait de dormir. Toutefois, la cour a estimé que les preuves – notamment des vidéos – contredisaient ces déclarations.
La question de l’altération du discernement a été soulevée pour une trentaine d’accusés. Si cet argument a été rejeté pour la majorité, il a été retenu pour un accusé schizophrène, dont la peine a été réduite à 9 ans.
Un verdict en deçà des réquisitions
Les peines sont globalement inférieures aux réquisitions du ministère public, qui avaient demandé entre 4 et 18 ans pour les co-accusés. En tout, 41 condamnés ont été placés en détention immédiate, tandis que six ressortent libres, grâce notamment à des mandats de dépôt différés pour raisons de santé.
Un procès hors norme
Cette affaire a marqué l’opinion publique par son ampleur et sa brutalité. Les accusés ont été confrontés à des preuves accablantes, notamment des vidéos montrant la victime inerte et inconsciente. Malgré cela, plusieurs d’entre eux ont nié l’intention criminelle jusqu’au dernier jour.
Avec ce verdict, la cour a voulu envoyer un message clair, tout en prenant en compte les situations individuelles. Gisèle Pelicot, aujourd’hui séparée de son mari, espère que cette affaire contribuera à sensibiliser la société aux violences sexuelles et aux dangers des plateformes en ligne.