Urgences de Thionville rien ne va plus

Déclenchement du plan blanc aux urgences de Thionville alors que la presque totalité des infirmiers et des aides soignants sont en arrêt maladie. Le déclenchement à eu lieu samedi par le CHR de Metz-Thionville

« On travaille au service de l’humain dans des conditions inhumaines »

Dans cette phrase d’une infirmière du service des urgences de Bel-Air à Thionville en Moselle tout est dit. Alors que la situation est particulièrement tendue dans le service des urgences c’est un ensemble de facteurs qui rend encore les conditions de travail plus compliqués. Outre le manque de personnel quasi généralisé dans les hôpitaux, s’ajoute, en cette période de l’année, des hospitalisations plus importantes. « La triple épidémie que sont la bronchiolite, la grippe et le COVID-19 », n’arrange rien à préciser dans un communiqué le CHR. De plus précise-t-il, « l’offre de prise en charge en ville est moins importante ». Cette annonce fait suite à la grève actuelle des médecins généralistes qui sévit actuellement en France et à laquelle la ville de Thionville n’échappe pas. Voilà comment on arrive à une situation de crise, y compris et surtout dans un service des urgences de l’hôpital.

Sous couvert d’anonymat, certaines infirmières n’hésitent pas à relater des faits au demeurant bien réels. 

« Il n’est pas possible de donner des repas à des personnes qui sont là depuis 80 heures, ni même faire des changes comme on devrait ». Et de renchérir : « Il n’est pas rare de voir es patients rester de très longues heures, alités sur des brancards. Et il faut savoir que ces personnes devront attendre parfois entre 12 heures à 20 heures pour voir un médecin. Et si la consultation le confirme, il faut trouver un lit dans l’hôpital, ce qui n’est pas une mince affaire ». Le risque dans ce contexte très tendu et très difficile, c’est le risque professionnel qui existe car il est bien réel.

« On est loin d’imaginer ce qui peut se passer lorsqu’un hôpital est surchargé, comme c’est le cas actuellement à Thionville ». Laisse-t-elles encore entendre. Le risque bien entendu c’est l’accident, le moment d’inattention qui peut entraîner des conséquences graves allant jusqu’à la mort.

Mais alors pourquoi une telle situation qui à nécessité le déclenchement du plan blanc et aussi la nécessité d’un renfort en personnel, n’était-elle pas « prévisible »

C’est un ensemble d’éléments conjugués qui rendent les choses plus difficiles qu’elles n’y paraissent. C’est d’abord le « récurrent » qui montrent depuis des années le manque de personnel dans les hôpitaux. Les infirmières expliquent que l’hôpital est « entrain de se déshumaniser. On à pas le temps de s’occuper décemment des personnes malades, leur apporter les soins nécessaires et de qualité qu’ils sont en droit d’attendre, alors que les soins se font parfois dans les couloirs au détriment de la pudeur et des risques encourus ». Renchérissent-elles.

« Même si cela sonne comme une évidence, il est nécessaire pour ne pas dire obligatoire, de rendre l’hôpital plus attractif . De cette façon les personnels soignants seraient plus nombreux, y verraient un intérêt supplémentaire à leur travail. Mais aussi du matériel qui fait si souvent cruellement défaut et des lits supplémentaires, sous entendu arrêter la fermeture des lits ». Nous ont-elles fait savoir.

Rendez-vous compte le CHR à été dans l’obligation de déclencher le plan blanc pour pallier à une situation qui était/allait devenir ingérable. Ce dispositif d’urgence permet à l’hôpital de gérer les moyens en présence. « Et de préciser : le personnel du SAMU intervient pour les urgences vitales et le reste des patients, dont l’état le permet, d’être transféré vers d’autres hôpitaux. Mais ce n’est là qu’une sorte de gestion temporaire, car les patients affluent en cette période d’épidémie. Le plan blanc à été justifié par le CHR par « un contexte d’arrêts maladie massifs de soignants aux Urgences de Bel Air exprimant un épuisement des équipes ».

Mais ne nous y trompons pas, avant d’en arriver là le CHR à confirmé la mise en œuvre de nombreuses actions pour tenter d’enrayer « la spirale infernale » qui conduisait inexorablement à la situation décrite ci-dessus. Se faisant le CHR mentionne également « la fin des congés des personnels » qui permet « la réouverture dès aujourd’hui de lits supplémentaires pour les prises en charge post-urgences » et « des renforts de personnels, organisés sur la base du volontariat ».

Un système de santé en crise de longue date et pour lequel une vraie réflexion doit être engagée sur la revalorisation des personnels soignants et pas juste une promesse flatteuse et engageante.

C’est l’avis de chacun pour qui le quotidien à l’hôpital ressemblerait presque à un « métier sans matériel et sans moyens » . Difficile dans ces conditions de faire naître l’envie, d’inciter le personnel soignant, qui déjà ne recule devant aucun effort, à se sentir mieux, pour ne pas dire mieux dans sa peau. Cette profession, ô combien nécessaire à la société actuelle, ne peut décemment pas toujours être mise à mal. La concertation est nécessaire et devra poser les bases sur le système de santé que nous souhaitons et de se donner les moyens pour y arriver.