Un trésor numismatique exceptionnel mis aux enchères à Drouot : l’incroyable collection de Paul Narce

C’est un véritable trésor qui sera dispersé aux enchères mardi 10 et mercredi 11 juin à l’hôtel Drouot, à Paris. Mille pièces d’or, toutes époques confondues, estimées à deux millions d’euros, seront proposées par la maison Beaussant Lefèvre. Leur provenance ? Une découverte aussi inattendue que fascinante : celle de la collection du discret numismate Paul Narce, retrouvé après sa mort dans un coffre soigneusement dissimulé dans sa maison du Lot-et-Garonne.

Né en 1934, Paul Narce, peu connu en dehors du cercle des passionnés, a consacré sa vie à l’accumulation de monnaies rares, vivant modestement à Castillonnès, un village du nord du département. À son décès en 2024, sans héritier direct, sa maison familiale, laissée à l’abandon, semblait vouée à une succession sans histoire. Mais alerté par des témoignages évoquant une collection dissimulée, le notaire en charge, aidé d’un cabinet de généalogistes, entame des recherches minutieuses.

La quête s’apparente rapidement à une chasse au trésor : c’est dans un débarras, derrière un banal tableau en canevas, au milieu de cannes à pêche et d’outils de jardinage, qu’un coffre scellé finit par être découvert. À l’intérieur, des centaines de monnaies soigneusement classées, accompagnées de dix pochons en tissu contenant chacun 172 pièces de 20 francs or — soit l’équivalent d’un lingot d’or par sac.

Une collection d’une richesse historique rare

La collection couvre un spectre exceptionnellement large, de l’Antiquité à l’époque contemporaine : pièces grecques, gauloises, byzantines, mérovingiennes, monnaies provinciales des Flandres ou d’Aquitaine — dont sept frappées au nom du Prince Noir — mais aussi des chefs-d’œuvre de l’art gothique comme un superbe parisis d’or du règne de Philippe VI de Valois.

L’époque classique est richement représentée, notamment avec un rarissime louis d’or à la croisette de Louis XIII, un impressionnant ensemble de 63 monnaies d’or de Louis XIV, dont un double louis au soleil daté de 1712, et des pièces royales jusqu’à Louis XVI. D’autres proviennent du Premier Empire et de la période constitutionnelle. L’une des pièces les plus rares est un exemplaire en or de cinq francs frappé à seulement 40 unités pour l’Exposition universelle de 1889.

Un événement hors du commun

« Je n’ai jamais eu entre les mains une collection d’une telle ampleur, tant par la quantité que par la qualité des pièces », confie l’expert Thierry Parsy, chargé de la vente. Il souligne également que la collection de Paul Narce est vendue avec celle de sa sœur Claudette, elle aussi passionnée, qui avait réuni de son côté une impressionnante série de monnaies en argent.

Cette vente hors normes, mêlant érudition, mystère et émotion, est saluée par les spécialistes comme un événement majeur dans le monde de la numismatique.