Procès des viols de Mazan : les enfants Pelicot confrontent leur père dans des témoignages poignants
Ce lundi 18 novembre, à la cour criminelle du Vaucluse, les trois enfants de Gisèle et Dominique Pelicot – David, Florian et Caroline – ont pris la parole pour la première fois dans le cadre du procès des viols de Mazan. Devant une salle saisie par l’émotion, les fils ont directement interpellé leur père, lui demandant des explications sur des zones d’ombre entourant ses actes, tandis que la douleur des révélations était palpable.
Pourquoi as-tu fait cela ? : la colère de David Pelicot
David, l’aîné de la fratrie, a été le premier à s’exprimer. Dans un discours mêlant souvenirs d’enfance et reproches cinglants, il a décrit la dualité de son père, qu’il qualifie tour à tour d’éducateur attentif et d’homme aux actes incompréhensibles.
« Cet homme m’a transmis des valeurs, une colonne vertébrale, et nous partagions des passions communes, comme le sport et le cinéma. Mais aujourd’hui, je ne peux plus l’appeler autrement que ‘cet homme’. »
Cependant, la tonalité change lorsqu’il aborde les découvertes sordides : des montages pornographiques impliquant sa propre épouse, retrouvés sur l’ordinateur de Dominique Pelicot.
« Mais comment as-tu pu faire une chose pareille ? » s’indigne-t-il, avant de revenir sur des clichés suspects de sa sœur Caroline, pris sans son consentement. « Si tu as encore un peu d’humanité, dis la vérité sur ce que tu as fait à ma sœur, qui souffre chaque jour de ces actes. »
David a également confronté son père à des soupçons d’agression concernant l’un de ses petits-enfants, évoquant des échanges inquiétants autour d’un prétendu « jeu du docteur ». Dominique Pelicot, visiblement acculé, a nié tout acte d’inceste, criant : « Rien ! Sur aucun enfant ou petit-enfant ! »
Florian Pelicot : « Tu étais le diable en personne »
Florian, le benjamin de la famille, a pris la parole à son tour, adoptant un ton à la fois chargé d’émotion et de défiance. Tout en reconnaissant sa gratitude envers sa mère, il a exprimé une incompréhension profonde vis-à-vis des agissements de son père :
« Pourquoi as-tu fait ça ? Pourquoi as-tu « prêté » notre mère de cette manière ? »
Florian a évoqué des comportements troublants qu’il avait observés avant même les révélations. Lorsqu’il utilisait l’ordinateur familial pour imprimer des documents, il sentait que son père était mal à l’aise. Un détail en particulier l’a marqué : un dossier, bien qu’apparemment vide, portait le nom évocateur de « culotte Martine ». Ces indices n’avaient pas pris sens à l’époque, mais résonnent aujourd’hui comme des preuves indirectes d’une double vie.
Florian a également exprimé un doute plus profond : celui de ne pas être le fils biologique de Dominique Pelicot. Sa mère lui a assuré que son infidélité s’était produite après sa naissance, mais il souhaite aujourd’hui lever tout doute par un test de paternité :
« Ce serait un soulagement de ne pas être son fils. Je veux savoir, pour tourner la page. »
Des réponses toujours attendues
Le procès se poursuit dans un climat lourd d’interrogations et d’attente de vérité. Dominique Pelicot, qui a nié catégoriquement les accusations, n’a pas été autorisé à répondre immédiatement à ces témoignages. Il devrait s’exprimer une dernière fois mardi, avant les plaidoiries et les réquisitions des parties civiles.
Les témoignages de David et Florian Pelicot ont illustré le poids des traumatismes familiaux et la quête de réponses qui, pour eux, demeure inachevée.