Théo révèle son récit lors du procès des policiers l’ayant interpellé

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Lors du procès des trois policiers impliqués dans l’interpellation violente de Théo Luhaka en 2017 à Aulnay-sous-Bois, la victime a de nouveau accusé le gardien de la paix responsable de sa blessure à l’anus de l’avoir infligée “volontairement”. Théodore Luhaka, âgé de 29 ans, a déclaré : “Je ne fais pas grand-chose, je reste à la maison, et je suis handicapé.”

Pendant le procès aux Assises de Seine-Saint-Denis, où les policiers sont jugés pour leur implication dans l’arrestation violente ayant causé des séquelles irréversibles à Théo Luhaka en 2017, la victime a réitéré ses accusations à l’encontre du gardien de la paix responsable de sa blessure, affirmant qu’il l’avait fait “volontairement”. L’individu au cœur de “l’affaire Théo” a également partagé comment il s’était replié sur lui-même au cours des années qui ont suivi l’agression.

Théo, la victime d’une agression

Après les témoignages d’experts, de proctologues et de psychologues, le moment est venu pour Théo Luhaka de partager les conséquences physiques de l’agression. Ayant initialement envisagé une carrière de footballeur avant de quitter l’école en première, il n’a jamais pu reprendre le sport. “Dès les premières foulées, j’ai bien vu… Non, non, pas possible”, dit-il en secouant la tête. Atteint d’incontinence, il se plaint de problèmes liés aux gaz. Il explique à la présidente de la cour d’assises : “La maladie que j’ai, c’est celle que l’on retrouve chez les femmes qui accouchent. Mais je ne suis pas une femme, je n’ai pas accouché, madame.” Il tient également à partager la réputation qui lui colle désormais à la peau dans son quartier : “Théo, c’est celui qui s’est fait agresser, celui qui a subi des sévices de la part de la police. C’est cette image qui circule.”

Interrogé par son avocat sur le fait s’il a “le sentiment d’avoir tout dit”, Théo Luhaka répond : “La réalité de la vie, c’est que moi je suis mort le 2 février 2017. Je suis vraiment mort, ce n’est pas une métaphore.” Il anticipe également les futures manifestations contre les violences policières, où son nom sera rappelé, malgré lui, aux côtés d’autres victimes comme “Zyed, Bouna” et Adama Traoré. Il exprime son désarroi en déclarant : “Quand le procès sera terminé, les policiers, eux, continueront. Mais ma famille continuera à avoir un mort-vivant.” D’une voix brisée, il se décrit comme un “mort-vivant” qui passe ses journées à regarder la télévision dans sa chambre, où il se retranche désormais. Il évoque à plusieurs reprises la série américaine Monk, mettant en scène un détective atteint de troubles obsessionnels compulsifs, qu’il avait prévu de regarder avant son arrestation le 2 février 2017. D’un ton désespéré, il conclut : “Je vais regarder Monk jusqu’à la fin de ma vie.”

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