Un prénom, un nom et un surnom. Lors des nécrologies publiées après le décès de Silvio Berlusconi le lundi 12 juin, le terme « Il Cavaliere » est invariablement associé au nom de l’ancien Premier ministre. Ce surnom a accompagné la longue et complexe trajectoire politique de ce magnat des médias, qui a été le porte-étendard de la droite italienne depuis les années 1990.
L’Italie pleure aujourd’hui la perte d’une figure emblématique, celle que les Italiens surnommaient affectueusement « il Cavaliere ». Silvio Berlusconi, homme d’affaires et acteur central de la vie politique italienne, s’est éteint à l’âge de 86 ans. Sa disparition marque la fin d’une carrière politique qui s’étend sur trois décennies, laissant derrière lui un héritage complexe fait de rebondissements, de scandales et d’affaires judiciaires.
En tant que sénateur italien et ancien président du Conseil des ministres à trois reprises, Silvio Berlusconi a façonné le paysage politique italien de manière indélébile. Ses mandats tumultueux ont été marqués par des polémiques, des sorties fracassantes et des confrontations judiciaires qui ont captivé l’attention de tous. Mais au-delà de sa carrière politique, Berlusconi était connu pour sa réussite dans le monde des affaires, sa fortune étant estimée aujourd’hui à plusieurs milliards d’euros.
Natif de Milan, dans une Italie encore sous le joug du fascisme, Berlusconi nourrissait dès sa jeunesse une passion pour la musique, l’art et la culture antique. Son parcours professionnel a débuté dans l’industrie immobilière des années 1960, posant ainsi les fondations de sa future ascension politique et médiatique.
Avec sa disparition, l’Italie perd un homme complexe et controversé, dont l’influence sur le paysage politique restera indéniable. Silvio Berlusconi restera dans les mémoires comme une figure marquante, dont la vie fut ponctuée d’innombrables frasques, mais aussi d’un impact profond sur l’Italie contemporaine.
De l’immobilier à la politique en passant par les médias
Remontons le temps jusqu’aux années 1970, où Silvio Berlusconi n’était pas encore un homme politique, mais un entrepreneur milanais prospère. Dans la métropole lombarde, il a fait fortune dans le secteur immobilier en développant de nouveaux quartiers au cœur de l’arrière-pays milanais avec sa société Edilnord, qu’il a fondée en 1963. L’un de ses projets phares fut la création du quartier résidentiel Milano 2.
Pour ses accomplissements, il fut honoré du titre de Chevalier de l’Ordre du Mérite et du Travail, Cavaliere del Lavoro en italien. Cette distinction, attribuée aux citoyens qui se sont distingués de manière exceptionnelle dans les domaines de l’agriculture, de l’industrie, du commerce, de l’artisanat, du crédit et des assurances, lui fut décernée le 2 juin 1977 par le président de la République de l’époque, Giovanni Leone. Le chevalier était en selle.
Dans les années 1980, l’empire de Silvio Berlusconi s’étendit davantage avec l’émergence de la télévision par câble, dans laquelle il se positionna en tant que précurseur. Puis vint le moment où il fit son entrée dans l’arène politique. En janvier 1994, il lança son propre parti, Forza Italia. Dans un pays où les dirigeants sont souvent affublés de surnoms, celui d' »Il Cavaliere » s’imposa naturellement pour celui qui devint le Premier ministre pour la première fois en mai 1994. Ce surnom avait également une signification politique profonde : au début des années 1990, l’Italie était secouée par une vaste opération judiciaire appelée « Mains propres » (Mani pulite), qui visait les dirigeants italiens soupçonnés de corruption. La figure du chevalier semblait symboliser la volonté de tourner la page sur ce scandale et de repartir sur des bases morales solides.
Un personnage de toutes les extrêmes
Malheureusement, la carrière politique de Silvio Berlusconi a été entachée par plusieurs scandales, même s’il n’a été définitivement condamné que dans une seule affaire. Les accusations de corruption, de fraude fiscale, de subornation de témoins et même de relations tarifées avec des mineures ont terni la réputation de cet homme politique italien, suscitant de vives protestations de la part de l’opinion publique.
Bien qu’il ait été poursuivi en justice à plusieurs reprises, il a réussi à éviter la prison grâce à des lois qu’il a lui-même fait adopter, du moins jusqu’en 2013. Cette année-là, il a été finalement condamné pour une affaire de fraude fiscale, ce qui lui a coûté la perte de son titre de Il Cavaliere.
Ces dernières années, Silvio Berlusconi s’est fait moins présent sur la scène politico-médiatique. Il a apporté son soutien à la candidature de Giorgia Meloni, présidente des Frères d’Italie et figure de l’extrême droite italienne, pour la présidence du Conseil des ministres. Toutefois, en raison de problèmes de santé, l’ancien Il Cavaliere, toujours sénateur, a dû réduire son engagement politique. En 2020, il a contracté le Covid-19, une expérience qu’il a qualifiée de « pire de sa vie », et a passé de longs séjours à l’hôpital jusqu’à la fin de ses jours.
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