Attentat contre Salman Rushdie : Hadi Matar condamné à 25 ans de prison

L’agresseur de l’écrivain, poignardé en pleine conférence en 2022, a écopé de la peine maximale. Salman Rushdie, gravement blessé, a perdu un œil et l’usage d’une main.

Hadi Matar, un Américano-Libanais de 27 ans, a été condamné vendredi 16 mai à 25 ans de réclusion criminelle pour avoir poignardé l’écrivain Salman Rushdie en août 2022, lors d’une conférence littéraire à Chautauqua, dans l’État de New York. Le verdict a été rendu au palais de justice du comté, trois mois après sa reconnaissance de culpabilité par un jury pour tentative de meurtre et agression.

Les faits se sont déroulés devant un millier de personnes venues assister à une discussion sur la liberté d’expression. Armé d’un couteau à lame longue, Matar s’était jeté sur l’auteur des Versets sataniques, le frappant à de multiples reprises avant d’être maîtrisé par des spectateurs. L’attaque a également blessé Henry Reese, cofondateur d’un programme d’aide aux écrivains persécutés.

Rushdie grièvement mutilé

Âgé de 77 ans aujourd’hui, Salman Rushdie, écrivain d’origine indienne naturalisé britannique et américain, a frôlé la mort. L’attaque lui a coûté l’usage de son œil droit, une main paralysée, et plusieurs organes perforés, dont le foie et l’intestin grêle. Sa pomme d’Adam avait aussi été lacérée. « Je me suis vu mourir », a-t-il témoigné lors du procès en février dernier, ajoutant s’être retrouvé « dans une mare de sang » et avoir « hurlé de douleur ».

Rushdie a raconté cette agression dans un livre bouleversant intitulé Le Couteau, paru récemment. Il y revient sur l’instant où sa vie a basculé, mais aussi sur les mois de convalescence et les séquelles irréversibles.

Une motivation idéologique floue

Interrogé en détention par le New York Post quelques jours après les faits, Hadi Matar a refusé de dire s’il avait agi en lien avec la fatwa lancée en 1989 par l’ayatollah Khomeini contre Rushdie, après la publication des Versets sataniques, jugés blasphématoires par Téhéran. Il a reconnu n’avoir lu que deux pages du livre, tout en reprochant à l’écrivain d’avoir « attaqué l’islam ».

Durant le procès, l’accusé est apparu mutique, parfois provocateur, lançant des slogans propalestiniens dans la salle d’audience. Il a également été inculpé séparément au niveau fédéral pour « acte de terrorisme au nom du Hezbollah », bien que l’Iran nie toute implication dans l’attentat.