Russie : L’avenir incertain des 25 000 mercenaires de Wagner après la rébellion

Suite à leur rébellion en Russie ce samedi, les membres du groupe paramilitaire Wagner ont réussi à échapper aux poursuites judiciaires et devraient continuer à être engagés via des contrats privés.

Après avoir conclu un accord avec le Kremlin, Evguéni Prigojine, le chef de Wagner, a finalement annoncé en fin de journée que ses hommes se “retiraient” dans leurs camps pour éviter un conflit sanglant avec les forces de sécurité russes.

Bien que la rébellion armée de Wagner en Russie soit officiellement terminée, de nombreuses interrogations subsistent quant au sort des 25 000 mercenaires impliqués.

La mutinerie initiée samedi par le groupe Wagner soulève de nombreuses interrogations quant à la stabilité du régime russe et à l’évolution de la guerre en Ukraine. Après une période de 24 heures, l’épopée d’Evguéni Prigojine a ouvertement défié l’autorité de Vladimir Poutine, en lançant ses troupes vers Moscou et en promettant de “libérer le peuple russe”. Cependant, en fin de journée du samedi 23 juin, le chef du groupe paramilitaire a fait volte-face et a ordonné à ses troupes de quitter leurs positions dans plusieurs villes russes. Cette rébellion, aussi brève que spectaculaire, peut être interprétée comme une tentative de pression sur le Kremlin et le commandement militaire, et elle risque de laisser des cicatrices profondes en Russie.

Un avenir incertain

Les troupes du groupe Wagner présentes en Russie se dirigent vers leurs camps respectifs. Elles ont déjà quitté les régions de Lipetsk et de Voronej, au sud de Moscou, ainsi que la ville de Rostov, ce dimanche matin.

Le Kremlin affirme que les hommes impliqués dans l’opération échapperont à toute poursuite. Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, “personne ne persécutera les combattants, compte tenu de leurs mérites sur le front” en Ukraine. Cependant, il convient de rappeler que le président russe Vladimir Poutine avait précédemment promis de “punir” les “traîtres” envers la nation russe.

L’impact de la rébellion de Wagner sur le conflit en Ukraine reste incertain

La rébellion avortée du groupe Wagner n’aura “aucun impact” sur les forces russes en Ukraine, a rapidement déclaré le Kremlin samedi soir. Cependant, l’effet sur le moral des troupes sur le front demeure une question ouverte. Selon l’ancienne ambassadrice Sylvie Bermann, la guerre en Ukraine “n’est pas remise en cause”, mais la rébellion, même temporaire, de la milice Wagner pourrait représenter une sorte de “victoire” pour les Ukrainiens, qui ont intensifié leur offensive. Dans son discours télévisé samedi, Vladimir Poutine a affirmé que cela n’affecterait en rien sa détermination à poursuivre la guerre, mais il est néanmoins “affaibli psychologiquement”.

L’armée ukrainienne a lancé des offensives samedi soir contre les forces russes sur le front est et a revendiqué “des avancées dans toutes les directions”, selon le ministère de la Défense ukrainien. Toutefois, il est difficile de dire si la rébellion de Wagner aura une conséquence directe sur les forces russes présentes sur la ligne de front. Comme le souligne le chercheur Rob Lee sur Twitter, “Wagner est conçu pour les assauts, pas pour les opérations défensives”, et leur rôle pendant la contre-offensive ukrainienne n’a jamais été clairement défini.

Des contrats potentiels avec la Défense russe pour le groupe Wagner

Selon le porte-parole de Vladimir Poutine, la tentative de rébellion n’aura “aucun impact” sur la guerre en Ukraine, et les combattants du groupe Wagner pourraient avoir la possibilité d’être engagés contractuellement par le ministère de la Défense russe.

Dmitri Peskov a déclaré : “Un accord a été conclu pour que les troupes du PMC Wagner retournent dans leurs camps et leurs lieux de déploiement. Certains d’entre eux, s’ils le souhaitent, peuvent plus tard signer des contrats avec le ministère de la Défense. Cela s’applique également aux combattants qui ont décidé de ne pas participer à cette ‘mutinerie armée’.”

Quelques jours avant que le groupe Wagner ne se révolte, le Kremlin ne proposait pas ces contrats, mais prévoyait plutôt d’imposer à tous les groupes de volontaires de signer un accord avec le ministère de la Défense d’ici le 1er juillet. Cependant, Evguéni Prigojine s’était fermement opposé à dépendre d’un ministère “privatisé par un groupe d’individus”. Il avait ensuite accusé l’armée russe d’avoir effectué des frappes de missiles sur leurs camps arrière.

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