La motion de censure déposée par La France insoumise (LFI) à l’encontre du gouvernement de François Bayrou a été largement rejetée jeudi 16 janvier par l’Assemblée nationale. Avec seulement 131 voix recueillies, ce texte est resté bien en deçà des 288 nécessaires pour renverser le Premier ministre.
Un Parti socialiste en rupture avec LFI
Une des surprises majeures du scrutin a été l’attitude du Parti socialiste (PS), qui a décidé, après un vote interne, de ne pas soutenir cette motion de censure. Ce choix a déclenché une vive colère au sein des rangs de LFI. Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, a accusé les socialistes de « s’isoler du reste du Nouveau Front populaire (NFP) » et de « se ranger du côté d’Emmanuel Macron ». Seuls huit députés socialistes sur 66 ont voté pour cette censure, accentuant les tensions entre les différentes composantes de la gauche.
Le leader de LFI, Jean-Luc Mélenchon, a également fustigé cette décision sur les réseaux sociaux : « Le PS fracture le NFP, mais il capitule seul. Les trois autres groupes votent la censure. Nous continuons le combat. »
Une stratégie défensive pour les socialistes
Face à ces critiques, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a justifié cette position en défendant une stratégie de compromis :
« Nous restons une opposition ferme et de gauche, mais nous avons obtenu des avancées concrètes pour les Français. »
Parmi ces avancées négociées avec François Bayrou, figurent :
- Le maintien de la taxe sur les hauts revenus dans le budget 2025.
- L’abandon de la suppression de 4 000 postes d’enseignants dans l’Éducation nationale.
- La création de 2 000 postes supplémentaires pour accompagner les élèves en situation de handicap.
François Bayrou a salué cet accord, affirmant qu’un « chemin d’entente » était désormais possible pour bâtir une majorité sur des bases solides :
« Un autre chemin, difficile mais nécessaire, se dégage pour construire un avenir différent. »
Un débat marqué par des tensions
Au-delà des tractations politiques, les débats à l’Assemblée nationale ont été marqués par des échanges particulièrement vifs. Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a critiqué la position du PS en évoquant « un renoncement inadmissible ». En réponse, le député socialiste Jérôme Guedj a dénoncé « les donneurs de leçons », accusant LFI de vouloir imposer une « soumission » à ses partenaires de gauche.
Malgré ce rejet, Mathilde Panot a rappelé que LFI restait « l’alternative qui continue de se battre », réaffirmant son opposition frontale au gouvernement.
Un nouveau rapport de force à gauche
Le rejet de la motion de censure révèle des fractures profondes au sein de la gauche, désormais divisée entre une stratégie de confrontation portée par LFI et une posture de compromis défendue par le PS. Alors que le Premier ministre François Bayrou semble renforcer son assise parlementaire, la gauche peine à afficher une unité qui pourrait peser face au gouvernement.