Réforme des retraites au Sénat : un deal “secret” qui embarrasse la gauche. Rien de moins sûr. Un « deal secret » dira-t-on dans les milieux avisés avec les LR
C’est un terrain d’entente qui a poussé la gauche sénatoriale pour se mettre d’accord avec la droite afin de ne pas examiner la réforme de la retraite à 64 ans dans l’hémicycle avant la mobilisation prévue le 7 mars. La contre partie vaut pour des débats qui s’accélèreront par la suite tout en respectant la date limite fixée par le gouvernement.
Pour tout vous dire c’est « censé rester secret ». Mais nos sources au Sénat nous ont permis d’avoir l’info d’un dès poids lourds de l’hémicycle.
C’est dans une ambiance plutôt contrariée que se sont déroulés les échanges entre la gauche de la chambre haute et la droite à l’occasion d’un petit-déjeuner mercredi, à la veille de l’arrivée de la réforme des retraites ce jeudi après-midi dans l’hémicycle.
A vrai dire la gêne était palpable. Nous voilà face à une « entente cordiale » entre les sénateurs socialistes, communistes et écologistes qui se sont « entendu » avec les Républicains et les centristes qui sont les « maîtres » des débats au Sénat.
« Un gentleman’s agreement »
Ce qui « peut paraître étrange pour les néophytes de la politique » prend ici tout son sens. Ainsi la droite sénatoriale défend corps et âme depuis un temps certain le recul de l’âge à la retraite alors que la gauche se défend d’une telle réforme. Ce qui fut d’ailleurs le cas d’un de ses plus ardents opposant à une époque visiblement révolue, à savoir Olivier Véran.
« Ce qui a été dit, c’est que jusqu’à l’article 7 qui reporte la retraite à 64 ans, nous aurions une méthode de débat normal et qu’après, nous irions sur une méthode qui va s’accélérer », à tenu à préciser à H24 Guillaume Gontard, le président du groupe écologiste.
Voilà donc une partie du contrat remplie pour la gauche en ayant « atteint son objectif » : on ne débat pas des 64 ans avant la grande mobilisation sociale du 7 mars prochain. L’idée est d’avoir une forte mobilisation avec un taux de grévistes suffisamment important pour faire basculer les sénateurs centristes qui sont encore retissant à signer la mesure.
« Ce gentleman’s agreement permettra de laisser le peuple s’exprimer en premier », a ainsi avancé mercredi Patrick Kanner, le patron des sénateurs socialistes.
« C’est pas pour la bonne cause ce cadeau au gouvernement »
Ne nous y trompons pas ici comme ailleurs les contrepartie excite ou si vous préférez les renvoie d’ascenseur aussi. Par conséquent il faudra examiner les vingt articles de la réforme d’ici le 12 mars – ce qui correspond au calendrier fixé par le gouvernement – et aussi et surtout voter le projet de loi. Et pour une bonne entente cordiale et voire la droite aller au bout du texte, et bien l’exécutif est prêt à lâcher du lest. Comme il se doit en ce genre de circonstances.
Ainsi donc la carrière des femmes pourrait bénéficier d’une surcote dès le deuxième enfant, l’index sénior ou le CDI senior également. En tout état de cause le gouvernement acceptera sans nul doute la quasi totalité des propositions de la droite sénatoriale. Voilà qui n’est pas du goût de la gauche.
« C’est vraiment dommage. Si le projet de loi n’est pas voté, on prive le gouvernement de toute légitimité parlementaire pour sa réforme à l’Assemblée et au Sénat. On va faire un cadeau au gouvernement en adoptant ce texte », regrette la sénatrice communiste Marie-Noëlle Lienemann.
« Qui peu le plus peu le moins »
Certains de ces collègues relativisent en banalisant cet accord. N’oublions pas que la droite sénatoriale profite de certains atouts dans sa manche, à commencer par l’article 38 du règlement du Sénat qui permet d’accélérer les débats.
Dans le détail, cet article limite ainsi à deux orateurs « d’avis contraire » les prises de parole et cela concerne « l’ensemble d’un article ou dans les explications de vote portant sur un amendement ».
« Dans cette affaire de « bodybuilding, chacun était fier de montrer ses muscles dans les discussions entre les groupes. Le Sénat à une règle assez simple qui veut que l’on avance systématiquement par la négociation. On a procédé d’une façon assez classique finalement », avance de son côté le sénateur communiste Pierre Ouzoulias.
Côté socialiste on est pas du même avis : « la droite va utiliser les outils à sa disposition. Autant que ça nous serve un peu aussi. On a négocié sur l’article 7 et obtenu quelque chose. Dans une maison autant à droite, on ne s’en sort pas si mal ».
« En toute logique »
Dans les rangs des LR, on valide en tout cas la méthode retenue qui a l’avantage de laisser la main à la droite sur le ton et le rythme des débats. Ce qui se veut être un avantage non négligeable.
Le Sénat c’est un peu la pierre angulaire des reproches des français qui s’interrogent assez régulièrement sur le coût et la véritable utilité. Ne nous mentons pas, cette manœuvre à l’avantage de redorer le blason du Sénat qui cherche à monopoliser le centre des débats sur le projet de la réforme. L’idée est simple faire mieux que l’Assemblée nationale où les débats sont parfois houleux.
« Ce ne sont pas les circonstances qui vont faire le débat. On utilise le règlement à notre disposition et c’est bien normal. Et je me fous de coller ou non au calendrier des syndicats », lâche ainsi le sénateur Marc-Philippe Daubresse, l’un des ténors de la droite sénatoriale.
Un peu trop timidement la gauche demande un référendum
Avec un risque cependant pour la droite : apparaître comme la béquille du gouvernement en apparaissant comme un allié d’une réforme très largement contestée par les Français.
À gauche, on espère bien capitaliser médiatiquement sur ce vendredi, où les sénateurs vont déposer une demande de référendum qui a peu de chance d’aboutir en l’état.
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