Wagner : La nuit où le groupe paramilitaire d’Evguéni Prigojine a initié les hostilités contre l’armée russe

Vendredi soir, le chef de la milice russe a lancé un appel à « stopper » le haut commandement militaire russe, suivi de la prise du quartier général de l’armée à Rostov. En réaction, Vladimir Poutine a dénoncé une « trahison » et a réagi en affirmant que la Russie se battait pour son avenir.

« Ils ont mené des frappes, des frappes de missiles, sur nos camps à l’arrière. Un très grand nombre de nos combattants ont été tués. » Peu avant 22 heures (21 heures à Paris) le vendredi 23 juin, Evguéni Prigojine, chef de Wagner, accuse l’armée russe d’avoir lancé une offensive contre son groupe paramilitaire. Dans un message audio diffusé par son service de presse, le chef de la milice promet alors de « répondre » à ces attaques, affirmant qu’elles ont été ordonnées par le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou.

Cependant, ce dernier nie immédiatement avoir donné de telles instructions, qualifiant cela de « provocation » de la part de Prigojine. Néanmoins, cet événement s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre Wagner et l’armée russe. Le commandement des forces russes a récemment exigé que les formations de volontaires engagées sur le front ukrainien signent un contrat avant le 1er juillet, une demande à laquelle le chef de Wagner a catégoriquement refusé de se plier.

Dans une nouvelle critique à l’encontre de l’armée, en fin d’après-midi le vendredi, le chef du groupe paramilitaire a également appelé le comité d’enquête russe à engager des poursuites pénales contre le ministre de la Défense et le chef de l’état-major russe, les accusant d’être responsables d’un « génocide du peuple russe » et de « trahison ».

Moscou en mode « barricade »

Moscou se barricade alors que la menace Wagner est prise très au sérieux par les autorités russes. Peu après minuit, l’agence d’État TASS rapporte un renforcement des mesures de sécurité à Moscou. Les installations stratégiques, les infrastructures étatiques et les transports sont placés sous une protection renforcée, selon les forces de l’ordre. Les services de sécurité russes lancent également un appel à l’arrestation d’Evguéni Prigojine. Un bulletin spécial diffusé sur la première chaîne russe assure à la population que les allégations de Prigojine « n’ont aucun fondement ».

Du côté de Kiev, la situation est observée avec attention. Kyrylo Boudanov, chef du renseignement militaire ukrainien, estime que les factions rivales russes commencent à « se dévorer entre elles pour le pouvoir et l’argent ». Le ministère russe de la Défense exprime son inquiétude en affirmant que les Ukrainiens profitent de la « provocation du chef de Wagner et de la désorganisation qui en découle » pour se diriger vers la ville de Bakhmout, reprise par la Russie en mai.

Rostov sous contrôle Wagner

Rostov est maintenant aux mains de Wagner. Pendant la nuit, Evguéni Prigojine est passé à l’action. Le chef du groupe paramilitaire a franchi la frontière et prétend être entré tôt le matin dans le quartier général de l’armée russe situé dans la ville de Rostov-sur-le-Don, un centre clé pour l’offensive russe contre l’Ukraine. Dans une vidéo publiée sur Telegram, il déclare : « Nous sommes au QG, il est 7h30 du matin [6h30, heure de Paris] ». Il affirme également que ses troupes ont abattu un hélicoptère russe qui avait ouvert le feu sur une colonne civile.

« Les sites militaires de Rostov, y compris l’aérodrome, sont sous le contrôle du groupe Wagner. »

Evguéni Prigojine, chef du groupe Wagner, sur Telegram Face à la rébellion de Wagner, Moscou, la région de Rostov, voisine de l’Ukraine, ainsi que la région de Lipetsk, ont annoncé des mesures de sécurité renforcées. De nombreux utilisateurs de l’internet russe signalent également un blocage de Google News, selon Netblocks, un groupe qui surveille les interruptions d’accès à internet dans le monde. Les autorités russes appellent également les habitants de Rostov à éviter le centre-ville. Sur les réseaux sociaux, des images montrent des hommes armés aux abords de bâtiments officiels, parmi les civils.

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