Inquiétude grandissante face à l’augmentation de la consommation « récréative » de l’oxycodone en France
L’oxycodone, initialement prescrit comme un médicament antidouleur, suscite désormais une dépendance rapide. Malgré les effets secondaires parfois mortels, de plus en plus de Français l’utilisent à des fins récréatives. Dans un avis publié sur son site le 22 mai, la Société française de pharmacologie (SFPT) met en garde contre l’augmentation « inquiétante » de sa consommation ces dernières années.
Une préoccupation croissante La SFPT souligne que « la prescription de l’oxycodone en France connaît une progression préoccupante, alors qu’elle ne présente aucun avantage pharmacologique par rapport à la morphine ». Dérivé du pavot, l’oxycodone est un analgésique opioïde similaire à la morphine, selon le dictionnaire médicamenteux Vidal. Le ministère de la Santé indique qu’il est utilisé pour traiter les douleurs sévères qui ne peuvent être soulagées efficacement qu’avec des opioïdes.
Normalement, il est prescrit aux patients souffrant de douleurs post-opératoires ou liées au cancer, mais seulement en dernier recours, lorsque d’autres analgésiques puissants se sont révélés inefficaces.
L’Occitanie : deuxième région française avec la plus grande consommation d’oxycodone
Selon le centre d’addictovigilance de Toulouse, l’Occitanie se positionne en deuxième place après la Nouvelle-Aquitaine en termes de consommateurs réguliers d’oxycodone. En 2019, la région comptait 7 consommateurs pour 1000 habitants, tandis que la moyenne nationale était de 5,7 pour 1000 habitants.
Bien que ce phénomène ne soit pas nouveau, il prend de plus en plus d’ampleur.
Depuis son introduction sur le marché en 1998, l’oxycodone est étroitement surveillée. En France, cet analgésique est classé parmi les psychotropes. Les ordonnances sont sécurisées et la durée du traitement ne doit pas dépasser 28 jours.
Risques d’addiction et de dépendance
Il est important de noter que la consommation excessive de ce médicament peut entraîner une dépendance, un abus et une addiction, mettant ainsi en danger la vie des utilisateurs, prévient le ministère de la Santé.
L’oxycodone, plus addictif que la morphine, suscite des préoccupations croissantes
Depuis 2008, le centre d’addictovigilance de Toulouse observe une augmentation constante de la consommation d’oxycodone, sans en connaître précisément les origines. Le « profil type » des consommateurs est principalement des femmes âgées de plus de 65 ans, traitées pour des douleurs chroniques. L’oxycodone est prescrit lorsque les analgésiques classiques ne sont plus efficaces. Cependant, la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT) considère que ce médicament pourrait être « plus addictif » que la morphine, sans offrir d’avantages significatifs en termes d’effets indésirables courants.
L’implication de l’oxycodone dans les décès liés à la toxicité des analgésiques a été multipliée par quatre entre 2013 et 2017. En 2019, en France, 23 décès étaient associés à l’utilisation de l’oxycodone.
L’Ouest de la France est particulièrement touché par la consommation d’oxycodone
Malgré les risques associés, l’oxycodone est de plus en plus fréquemment prescrit par les médecins. Selon la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT), on compte ainsi 460 consommateurs pour 100 000 habitants en 2021.
La situation est particulièrement préoccupante dans l’ouest du pays. La SFPT déplore une augmentation « impressionnante » des prescriptions, avec une hausse de 5% par an depuis 2017, contre seulement 1 à 2% dans le reste de la France. En Nouvelle-Aquitaine, on recense au total 950 consommateurs d’oxycodone pour 100 000 habitants.
L’implication de cette substance dans les décès liés à la toxicité des analgésiques a été multipliée par quatre entre 2013 et 2017. En 2019, en France, 23 décès étaient attribués à l’utilisation de l’oxycodone, selon l’enquête annuelle sur les décès toxiques par antalgiques (DTA).
Le professeur de pharmacologie au CHU de Bordeaux, en Gironde, Francesco Salvo, soulève des questions sur la façon dont le médicament est prescrit et a sollicité des financements auprès de l’Agence régionale de santé (ARS) pour mieux comprendre ce phénomène.
A l’origine d’une crise des opioïdes aux États-Unis
L’oxycodone, à l’origine de la crise des opioïdes aux États-Unis, suscite l’alerte de la Société française de pharmacologie. Les laboratoires et distributeurs pharmaceutiques américains sont accusés d’avoir promu de manière agressive, à partir de 1996, des analgésiques opioïdes tels que l’oxycodone.
La dangerosité de ces médicaments est devenue apparente au milieu des années 2010 avec une explosion des overdoses liées aux opioïdes, qu’ils soient prescrits ou sous forme de drogues synthétiques comme le Fentanyl. En 2017, les États-Unis ont enregistré 70 000 décès liés à l’oxycodone.
D’après la Société française de pharmacologie et de thérapeutique, la consommation d’opioïdes en France a entraîné une augmentation de 146 % du nombre de décès entre 2000 et 2015, avec au moins 4 décès par semaine.
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