La pollution sur l’Himalaya est devenue un problème croissant. Les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’industrie et des transports contribuent à la dégradation de l’air dans la région. Sans parler des déchets plastiques et des déchets industriels polluent les rivières et les sols, menaçant la biodiversité. L’exploitation minière et la déforestation ont également des effets néfastes sur l’écosystème fragile de l’Himalaya. A cela s’ajoute la pollution atmosphérique et les changements climatiques qui ont des conséquences graves pour les populations locales et les espèces vivantes de la région.
Selon Luc Boisnard, fondateur de l’association Himalayan Clean-Up, les sommets élevés sont désormais transformés en d’immenses dépotoirs. Les plus hauts sommets du monde sont infestés de plastique, avec des tas de bouteilles, de tentes, de tubes en PVC et d’autres déchets. Récemment, un explorateur français et son équipe ont récupéré 1,6 tonne de déchets plastiques dans l’Himalaya, alors que des discussions sont en cours pour essayer de résoudre ce problème de pollution à l’échelle mondiale.
« Dans ces montagnes, c’est comme une véritable décharge. À chaque coin de roche, on découvre une multitude de bouteilles d’oxygène, de boîtes de conserve, de toiles de tente et même de chaussures. C’est tout simplement aberrant », témoigne Luc Boisnard depuis le Népal, après une première tentative d’escalade du Makalu, qui culmine à 8 485 mètres. Il prévoit de repartir bientôt pour l’ascension.
Transformant les sommets en d’immenses dépotoirs
Le but de ce chef d’entreprise de 53 ans, un passionné d’alpinisme de longue date, est de nettoyer les hauts sommets qui, pour beaucoup, « ont malheureusement été transformés en véritables dépotoirs géants ». Il a créé l’opération et l’association Himalayan Clean-Up pour mener à bien ce projet.
L’expédition sur le Makalu, qui a débuté à la fin du mois de mars, est sa deuxième après avoir atteint le sommet de l’Everest en 2010. Pendant ce temps, un autre membre de l’association vient tout juste de redescendre de l’Annapurna (8 091 m).
Au cours de ces deux ascensions, ces deux hommes, accompagnés chacun d’une dizaine de sherpas, ont déjà rapporté 3,7 tonnes de déchets, dont 45% sont des plastiques (1 100 kg sur le Makalu et 550 kg sur l’Annapurna). Cela démontre une fois de plus la prédominance de cette matière dérivée du pétrole, alors que le deuxième cycle de négociations pour parvenir à un traité juridiquement contraignant sous l’égide des Nations unies afin de mettre fin à la pollution plastique débute à Paris ce lundi. L’objectif est de finaliser ce traité d’ici la fin de l’année 2024. Lors de sa première expédition sur le toit du monde, Luc Boisnard avait déjà rapporté 1 tonne de déchets, dont 550 kg de plastique.
Une pollution en constante hausse
Ces déchets sont principalement des vestiges des expéditions en altitude accumulés depuis 1920, lorsque la région a été ouverte au tourisme. Par souci d’alléger leur équipement – et parfois par manque de respect pour l’environnement – un certain nombre de grimpeurs en herbe abandonnent volontairement une partie de leurs affaires autour des camps de base, voire directement sur les sentiers menant aux sommets. « Certains d’entre eux sont même jetés dans les glaciers himalayens, où ils ne réapparaîtront que dans 200 ans », s’indigne Luc Boisnard. Ces plastiques se décomposent lentement, polluant ainsi durablement les paysages et les cours d’eau.
Déjà en 2019, une étude scientifique avait révélé la présence de microplastiques (fibres de polyester, d’acrylique, de nylon et de polypropylène) au-delà de 8 000 mètres d’altitude, y compris dans la neige.
Outre la question des déchets, le futur traité sur les plastiques vise principalement à « réduire l’utilisation et la production de plastique ». Cette production a plus que doublé au cours des 20 dernières années, atteignant désormais 460 millions de tonnes par an, et elle pourrait tripler d’ici 2060 si aucune mesure n’est prise. Les deux tiers de ces plastiques sont jetés après une seule utilisation ou quelques utilisations seulement, et moins de 10% sont recyclés.
Outre les sommets, les océans, la calotte glaciaire, les oiseaux affamés, et même les fluides corporels humains tels que le sang, le lait maternel ou le placenta, sont tous fréquemment infestés par des débris plastiques de toutes tailles.
A Lire dans l’Actualité