Inquiétudes des associations de sécurité routière et des auto-écoles quant à l’idée du gouvernement d’abaisser l’âge légal pour passer le permis de conduire de 18 à 17 ans. Selon eux, cette proposition pose des problèmes liés au manque de maturité des jeunes conducteurs et au déficit d’inspecteurs pour l’examen.
Le gouvernement envisage de réduire l’âge légal pour passer le permis de conduire à 17 ans dans le but de promouvoir l’emploi et la formation des jeunes. Cependant, certaines auto-écoles et associations de sécurité routière expriment leurs réserves. Ils préfèrent ralentir le rythme. Voici pourquoi, expliqué par Franceinfo.
Les jeunes sont les principales victimes sur les routes Actuellement, il est possible de conduire à l’âge de 17 ans uniquement par le biais de la conduite accompagnée. La proposition du gouvernement changerait la donne et soulève des préoccupations en termes de sécurité routière. « Nous pouvons craindre de confier le volant à des jeunes encore plus jeunes, alors qu’ils sont déjà fortement touchés (…) puisqu’ils représentent deux fois plus de mortalité sur les routes que la moyenne des conducteurs », met en garde Pierre Lagache, vice-président de la Ligue contre la violence routière, sur BFMTV.
Selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière, les jeunes de 18 à 24 ans sont effectivement parmi les plus exposés aux accidents de la route : l’année dernière, 549 décès ont été enregistrés dans cette tranche d’âge (soit 101 décès pour un million d’habitants de cette tranche d’âge) et 2 739 blessés graves (soit 506 blessés graves pour un million d’habitants de cette tranche d’âge). « Les jeunes de 17 ans sont-ils vraiment prêts pour cela ? », s’interroge Valérie Dijon, ancienne commandante de police désormais impliquée dans la sensibilisation en milieu scolaire aux côtés d’associations de sécurité routière, sur France 3. « La prise de risque n’est pas la même, car leur cerveau est en plein développement. »
En raison du manque d’automatismes au volant
Les responsables d’auto-écoles soulignent l’importance de l’apprentissage de la conduite et mettent en avant le manque d’expérience des jeunes conducteurs de 17 ans. Patrick Bessone, vice-président du syndicat Mobilians chargé des auto-écoles, propose une idée pour accompagner cette baisse d’âge : « rendre obligatoire un stage post-permis six mois après son obtention ». Selon lui, « plus on apprend jeune, mieux c’est. À 17 ans, on est moins mature qu’à 18 ans. Ce rendez-vous permettrait de discuter des comportements dangereux sur la route et de sensibiliser », explique-t-il sur BFMTV.
Cependant, se révélerait-il réellement efficace ? Bien que la formation post-permis existe déjà, permettant aux jeunes titulaires du permis de conduire de réduire la période probatoire jusqu’à l’obtention des 12 points, Alexandra Legendre, porte-parole de la Ligue de défense des conducteurs, déplore dans les colonnes du magazine Auto-Moto qu’elle reste « théorique » et pas assez axée sur la pratique. Il reste donc à déterminer comment ces stages post-permis pourraient être conçus. « Nous avons besoin d’apprendre les réflexes d’urgence, de freinage, de manipulation d’équipements, qui ne peuvent pas être enseignés sur les routes ouvertes en raison des dangers que cela représente. »
En raison de la congestion dans les auto-écoles
L’idée de permettre la conduite individuelle dès l’âge de 17 ans « n’est pas une mauvaise idée ». Cependant, dans les départements où le manque d’inspecteurs se fait déjà sentir, cette perspective suscite des inquiétudes. Marie-Françoise Le Berre, responsable du syndicat d’auto-écoles Mobilians dans les Hauts-de-France, souligne la nécessité d’avoir suffisamment d’inspecteurs pour faire passer l’examen de conduite à ces élèves. « Dans le Nord, il y a un déficit réel. Actuellement, 25% des inspecteurs sont en arrêt maladie, et avec le début des congés, ils ne sont plus qu’à 50% sur le terrain », estime-t-elle sur France Bleu. En tant que gérante d’une auto-école à Lens (Pas-de-Calais), elle ajoute : « Si tous les jeunes décident de passer leur permis à 17 ans, nous ne pourrons pas les accompagner ».
Selon Emmanuel Cilly, un instructeur de conduite indépendant dans les Bouches-du-Rhône, cette mesure ne peut être mise en œuvre que si le gouvernement augmente le nombre d’inspecteurs. Dans une interview sur France 3, il souligne l’importance d’avoir suffisamment d’inspecteurs pour garantir un processus d’examen fluide et efficace. Sans un renfort adéquat d’inspecteurs, il serait difficile de faire face à la demande accrue résultant de l’abaissement de l’âge légal pour passer le permis de conduire.
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