Pape à Marseille : Cette visite a suscité des discussions importantes au sein de l’Église catholique, notamment sur l’accueil des personnes LGBT, le rôle des femmes, ainsi que la lutte contre les abus sexuels, autant de sujets délicats

  • Post category:Vie sociale
  • Temps de lecture :9 min de lecture

À l’occasion de la visite exceptionnelle du pape François à Marseille les 22 et 23 septembre, H24 MEDIA se penche sur les questions de société qui seront débattues en octobre au Vatican lors du synode. Cette assemblée se penchera sur l’avenir de l’Église catholique et abordera des sujets sensibles

Lors de sa visite à Marseille, le pape François a exprimé à nouveau ses préoccupations concernant la tragédie en Méditerranée, qualifiant cette mer de « vaste cimetière » pour les migrants, avant de célébrer une messe au stade Vélodrome. À son retour au Vatican, le chef spirituel de l’Église catholique sera confronté à d’autres questions sociétales.

Du 4 au 29 octobre, les évêques se réuniront pour un synode, une assemblée destinée à examiner les problèmes de la vie ecclésiale et à réfléchir à l’avenir de l’Église. Celle-ci est actuellement divisée sur des questions relatives au genre et à la sexualité.

Les discussions du synode s’appuieront sur un document de travail publié par le Saint-Siège fin juin. Fruit d’une consultation de 1,3 milliard de catholiques à travers le monde sur deux ans, ce document souligne la nécessité pour la Curie romaine (l’administration du Vatican) de réfléchir à l’inclusion des personnes qui se sentent marginalisées au sein de l’Église, notamment les personnes LGBT+, les femmes, ainsi que les victimes d’abus sexuels et spirituels. Ce sont là les sujets brûlants qui seront au cœur des débats du synode en octobre.

Du délicat à une possible ouverture ?

Le pape François a manifesté une attitude ouverte depuis le début de son pontificat en 2013, déclarant, dès son élection, « Si une personne est gay et cherche le Seigneur, fait preuve de bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? » Cependant, cette déclaration inédite n’a pas entraîné de changement dans la doctrine de l’Église catholique. En janvier, le souverain pontife a même réaffirmé la doctrine catholique considérant l’homosexualité comme un péché. Cette position s’explique probablement par la crainte du pape François de diviser les fidèles entre les intransigeants d’un côté et les progressistes de l’autre, selon Josselin Tricou, auteur d’un livre-enquête sur la masculinité des prêtres.

Néanmoins, à la veille du synode, l’Église catholique semble évoluer. Pour la première fois de son histoire, l’institution a fait mention de la communauté LGBT+ dans un document public, comme le rapporte La Croix. Cette avancée suscite de l’espoir au sein d’un groupe qui a longtemps été stigmatisé au sein de l’Église, estime Jean-Michel Dunand, fondateur de Communion Béthanie, une association chrétienne et LGBT+. Cependant, il met en garde en soulignant que des paroles et des actions concrètes seront nécessaires pendant le synode. Il espère que des sujets sensibles, comme l’interdiction de bénir les couples homosexuels, réaffirmée par le pape, seront remis en question lors de cette assemblée, comme le rappelle La Croix.

Un sujet récurent qui prête à bien des discussions

Toutes les attentions sont désormais tournées vers la possibilité de nommer des femmes en tant que diacres. Le texte préparatoire du synode pose la question : « Peut-on envisager cette possibilité, et comment ? » Le statut de diacre, jusqu’à présent exclusivement réservé aux hommes, permet de célébrer des sacrements tels que le baptême, le mariage et les funérailles, mais pas la messe. Dans la pratique, certaines femmes exercent déjà certaines de ces fonctions, bien que l’Église ne leur attribue pas le titre de diacre. La perspective d’ouvrir cette fonction aux femmes a été évoquée à plusieurs reprises dans la vie de l’Église catholique et a même fait l’objet d’une commission en 2016.

Malgré ces initiatives, la question reste en suspens et le pape s’y est opposé à plusieurs reprises. Le théologien et prêtre britannique James Alison souligne : « Plusieurs écrits font mention de femmes ordonnées prêtres et diacres au premier siècle. Rien dans le Nouveau Testament ne l’interdit, ce n’est donc pas une question de textes institutionnels. »

Un sujet souvent tabou, mais qui fait débat

Toutes les attentions sont désormais tournées vers la possibilité de nommer des femmes en tant que diacres. Le texte préparatoire du synode pose la question : « Peut-on envisager cette possibilité, et comment ? » Le statut de diacre, jusqu’à présent exclusivement réservé aux hommes, permet de célébrer des sacrements tels que le baptême, le mariage et les funérailles, mais pas la messe. Dans la pratique, certaines femmes exercent déjà certaines de ces fonctions, bien que l’Église ne leur attribue pas le titre de diacre. La perspective d’ouvrir cette fonction aux femmes a été évoquée à plusieurs reprises dans la vie de l’Église catholique et a même fait l’objet d’une commission en 2016.

Malgré ces initiatives, la question reste en suspens et le pape s’y est opposé à plusieurs reprises. Le théologien et prêtre britannique James Alison souligne : « Plusieurs écrits font mention de femmes ordonnées prêtres et diacres au premier siècle. Rien dans le Nouveau Testament ne l’interdit, ce n’est donc pas une question de textes institutionnels. »

Sans doute la plus grande controverse au sein de l’église catholique

Un autre sujet de controverse au sein de l’Église catholique concerne les abus commis par des membres du clergé. L’Instrumentum Laboris qualifie cette question de « plaie béante qui continue d’infliger des souffrances aux victimes, aux survivants, à leurs familles et à leurs communautés », et elle continue de susciter des tensions au sein de l’institution. En mars 2021, la publication du rapport de la Commission indépendante sur les abus dans l’Église (Ciase) a été un moment de choc. Selon une « estimation minimale », environ 330 000 personnes auraient été victimes de violences sexuelles dans l’Église catholique en France depuis 1950.

Isabelle Chartier-Siben, médecin et présidente de l’association d’aide aux victimes C’est à dire, exprime des doutes quant à la réussite de ce synode. Elle base ses préoccupations sur la façon dont l’Église a traité les travaux de la Ciase. En fin d’année 2022, une rencontre prévue entre des membres de la commission et le pape a été annulée, officiellement en raison d’un emploi du temps chargé, comme le rapporte Le Parisien. Face aux réactions négatives suscitées par la publication du rapport, y compris des critiques sur sa méthodologie émanant de l’Académie catholique de France, elle doute que le problème soit simplement une question de disponibilité et suggère plutôt des désaccords profonds au sein de l’institution. Elle exprime également le souhait que cette question ne conduise pas à un schisme au sein de l’Église.

En France, certaines réformes pourraient avoir des conséquences dans les années à venir. La création d’un tribunal pénal canonique national en décembre 2022, une première mondiale selon Télérama, vise à limiter le pouvoir absolu des évêques dans les affaires d’agressions sexuelles sur des adultes. Isabelle Chartier-Siben explique que jusqu’à récemment, les évêques avaient tous les pouvoirs, ce qui signifiait qu’ils étaient les seuls à pouvoir traiter les plaintes dans leur diocèse. Désormais, ces ecclésiastiques ne devraient plus être à la fois juges et parties, car ils « ne seront plus les seuls à pouvoir juger et/ou transmettre des informations au Vatican », selon la médecin. Cette réforme semble répondre aux attentes des catholiques français, avec près de neuf sur dix exprimant le souhait que les pouvoirs soient mieux répartis au sein de l’Église, selon un sondage Ifop-La Croix mené un an plus tôt. Une autre mesure porteuse d’espoir est la levée du secret pontifical, décidée en 2019, qui devrait permettre aux victimes d’obtenir une meilleure information sur les sanctions infligées à leurs agresseurs selon Le Monde cité par Franceinfo.

Dans l’Actualité