Qu’advient-il des yachts des oligarques russes saisies par les douanes françaises ? Alors que le conflit en Ukraine perdure, il était question à un moment de les « vendre » afin de financer les armes servant aux ukrainiens
Ces bateaux de luxe sont la propriété d’oligarques russes et qui ont fait l’objet d’une saisie au début du conflit qui oppose l’Ukraine et la Russie. Mais alors que sont-ils devenus après leurs saisis. H24 a tenter d’en savoir plus pour des « affaires » hautement politique.
C’est l’exemple même d’un yacht saisi par les douanes françaises, l’Amore Vero, aux dimensions « surréalistes » de 88 mètres de long. Il se trouve actuellement à quai à La Ciotat dans les Bouches-du-Rhône. Selon nos premières informations il est estimé à 120 millions d’euros. Le prix c’est une chose mais il est difficile d’en savoir un peu plus et notamment à qui il appartient vraiment. Saisit en date du 3 mars ce petit bijou des mers reste parfaitement entretenu avec quelques travaux mineurs. Et le plus « surprenant », comme nous avons pu le constater sur place, c’est que la vingtaine de personnes qui composent l’équipe est toujours sur place.
Toujours selon nos sources, le propriétaire du yacht serait Igor Setchine, qui a la particularité d’être oligarque et ancien vice-président du gouvernement russe. Pour autant son nom n’apparaît pas sur les factures payées. Proche de Vladimir Poutine, il fait l’obet d’une « enquête ».
Pourquoi, parce qu’à la place de nom sur les factures c’est celui d’une entreprise qui répertoriée sous Kazimo Trade & Invest et basée dans les Îles Vierges britanniques. en fait la justice cherche à faire le lien entre cet oligarque n’est autre que le véritable propriétaire du yacht.
Mais en cette période de conflits et d’intérêts divergents, voilà un sujet ô combien sensible. A titre d’exemple nous avions quelques questions à poser avec un des responsables de la capitainerie. Mais à nos plus grands regrets ce rendez-vous a été annulé au dernier moment, invoquant des « pressions » pour un sujet avant tout politique.
Ce qu’il convient de faire « pour éviter de financer l’effort de guerre russe »
Et c’est Jérôme Founel, directeur des finances publiques, qui nous a confié qu’il était important que les bateaux russes de luxe soient ainsi « consignés » à quai. Il a même ajouté que le la « principe du gel » est assez simple dans sa compréhension puisqu’il s’agit de faire en sorte que ces actifs bloqués ne puissent à aucun moment re-rentrer dans l’économie russe et ainsi financer l’effort de guerre.
Après un an de conflit, cette décision s’avère utile. A tout bien considéré, il s’agit « d’une pièce dans un grand puzzle » et nous œuvrons à « enrayer la machine de guerre russe ».
Dans un schéma complexe, les mesures sont aussi diversifiées que différentes. Elles participent au confinement des avoirs russes et ralentisses, tant que faire se peut, le financement d’une guerre qui perdure.
Hors la vente de ces yachts reste pour le moins délicate
La vraie question est : que vont devenir ces yachts qui, à l’heure ou nous en parlons, restent immobilisés. Certes la volonté de la France et de l’Union européenne et indirectement des États-Unis et de vendre afin de participer d’avantage à l’effort de guerre ukrainien. Mais très vite le côté juridique l’empotera, avec ses contraintes et parfois sa « lenteur ». Et avec comme principale conséquence un délai qui s’allongera et qui se comptera en années.
Il n’est pas de situation qui n’ait pas son contraire. Et effectivement c’est aussi le cas en ce qui concerne les yachts saisis avec comme contre exemple le yacht d’Alexeï Kouzmitchev, oligarque russe s’il en est, et qui a obtenu la dessaisie de son bateau. Me Philippe Blanchetier, avocat français d’Alexeï Kouzmitche, nous a expliqué qu’en aucun cas son client ne cherche à contourner la loi, et que, par conséquent, le navire de 26 mètres de long qui n’est plus immobilisé, reste au même endroit que lorsqu’il l’était.
La pénibilité tient aussi au fait que le gestionnaire du chantier naval est dans « l’incapacité » de bouger ce navire, nous laissera-t-il entendre. Hors cette situation de gel peut durer « fort fort » longtemps
Il est à noter que dans les ports français qui sont obligés d’accueillir ces navires, un grand nombre, pour ne pas dire la totalité, des patrons des chantiers navals comprennent parfaitement les sanctions infligées aux oligarques, mais souligne également le manque à gagner pour leurs entreprises.
Bercy nous a fait savoir que la situation perdurera tant que la guerre se poursuivra. « Cette situation de gel peut durer très longtemps », reconnaît Jérôme Fournel. Cependant le nombre de cas reste marginal, comparé à la quantité de yachts qui transitent par la Côte d’Azur, tempère également Jérôme Fournel.
Au début du conflit, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire assurait – en mars 2022- que son ministère travaillait à « faire en sorte qu’il ne s’agisse pas seulement d’un gel des avoirs, mais d’une saisie des avoirs ». Mais ce genre d’annonce sans doute très sincère et plus « facile » à dire qu’à mettre en œuvre.
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