Les deux policiers impliqués, y compris celui qui a fait feu sur l’adolescent âgé de 17 ans, ainsi que les passagers du véhicule, âgés de 14 et 17 ans, ont été interrogés par l’inspection générale de la police nationale (IGPN). Leurs dépositions présentent des divergences, notamment en ce qui concerne les circonstances ayant conduit à la reprise de la marche du véhicule.
Une semaine après le tragique incident, l’enquête se poursuit afin d’établir les circonstances précises de la mort de Nahel, âgé de 17 ans, tué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre le mardi 27 juin. Les enquêteurs de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), chargée des enquêtes internes, ont interrogé les principaux acteurs de l’affaire : les deux motards de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) qui ont arrêté le véhicule transportant l’adolescent et ses deux passagers.
Lors de leurs auditions respectives, les quatre individus ont présenté leur version des faits aux enquêteurs. Leurs témoignages divergent notamment sur la raison qui a poussé Nahel à redémarrer après l’immobilisation du véhicule qu’il conduisait. Les enquêteurs s’efforcent également de déterminer les propos échangés, ainsi que leurs auteurs, dans la vidéo amateur qui a été diffusée sur les réseaux sociaux.
La version des policiers concernant les circonstances de l’interpellation a été révélée.
Le policier responsable du tir mortel a été soumis à un long interrogatoire par l’IGPN, la police des polices, lors d’une garde à vue de 48 heures débutant le mardi 27 juin et se terminant le jeudi 29 juin au matin, date à laquelle il a été inculpé d’homicide volontaire et placé en détention provisoire. Cet homme de 38 ans a ensuite été transféré à l’isolement à la prison de la Santé pour sa propre sécurité.
Lors d’une conférence de presse tenue le jeudi 29 juin, le procureur de Nanterre, Pascal Prache, a exposé en détail la version des faits donnée par le policier ainsi que celle de son collègue, présent à ses côtés lors du contrôle routier et interrogé dans le cadre d’une audition libre. Les deux agents ont été interrogés à plusieurs reprises, y compris lors d’une “confrontation” avec le passager arrière du véhicule.
Selon les déclarations des policiers, ils ont effectué le contrôle de la Mercedes dans laquelle Nahel circulait en raison de sa conduite, le véhicule “roulant rapidement sur une voie réservée aux bus”, comme l’ont rapporté les deux fonctionnaires, ainsi que de l’apparence “jeune” des passagers, a précisé le procureur de Nanterre. “Les deux agents ont tenté de procéder à un contrôle en se plaçant à côté du véhicule au niveau d’un feu rouge. (…) Le véhicule a ensuite redémarré en grillant le feu rouge. Les deux agents de police ont poursuivi le véhicule à travers différents axes de Nanterre”, a-t-il expliqué.
Au cours de cette poursuite, les policiers ont constaté “plusieurs infractions au Code de la route”, notant notamment une traversée de passage piéton, rapporte le procureur. Le véhicule s’est ensuite arrêté à un autre feu rouge avant de se retrouver coincé dans les embouteillages.
Concernant l’interpellation, les deux policiers affirment être descendus de leurs motos et avoir “crié au conducteur de s’arrêter”, se positionnant “sur le côté gauche” de la voiture. Selon le procureur, l’un des agents s’est placé au niveau de la portière du conducteur, tandis que l’autre s’est positionné près de l’aile avant gauche. Ils ont ensuite déclaré avoir sorti leurs armes et les avoir “pointées sur le conducteur afin de le dissuader de redémarrer”. Malgré cela, le véhicule a redémarré et l’un des policiers a alors “tiré une fois sur le conducteur”, ce qui a entraîné son encastrage dans un élément de mobilier urbain, a déclaré le procureur de Nanterre.
Le policier ayant fait feu sur Nahel a expliqué son geste par sa volonté d’éviter une nouvelle fuite du véhicule, compte tenu du comportement dangereux du conducteur sur la route. Il a affirmé avoir craint qu’une personne ne soit renversée. Les deux agents de police ont également précisé qu’ils se sont sentis menacés en voyant le conducteur redémarrer. En ce qui concerne les échanges entendus dans la vidéo amateur enregistrée à ce moment-là, le procureur a souligné que seul l’un des agents reconnaissait une partie des propos, sans fournir plus de détails.
La version du passager arrière
Sur les circonstances ayant conduit à l’interpellation, l’adolescent de 14 ans, qui se trouvait à l’arrière de la Mercedes, a été brièvement placé en garde à vue après la mort de Nahel. Près d’une semaine après les événements, Le Parisien a publié une lettre que le jeune homme a adressée au journal, dans laquelle il relate sa version des faits.
Le mardi 27 juin, l’adolescent se rendait au collège lorsqu’il a rencontré Nahel, qui conduisait la Mercedes jaune. “Il a immédiatement proposé à mon fils de l’accompagner pour passer les épreuves du brevet”, a déclaré le père de l’adolescent au Parisien. L’adolescent connaissait bien Nahel et a accepté son offre, s’installant à l’arrière de la voiture. Le père du jeune homme affirme qu’il ne savait pas que Nahel n’avait pas de permis de conduire et qu’il était encore mineur. Lorsque les deux policiers à moto ont ordonné au véhicule de s’arrêter, le père de l’adolescent confirme que “Nahel n’a pas voulu s’arrêter”.
Concernant l’interpellation, l’adolescent de 14 ans relate la suite des événements dans sa lettre, fournissant une version similaire à celle du passager avant. Il confirme ainsi que lorsque le véhicule a été immobilisé, “les policiers ont pointé leurs armes sur Nahel”, qui aurait reçu “environ trois” coups et aurait tenté de se protéger la tête.
L’adolescent affirme également qu’un des policiers aurait dit “qu’il allait lui mettre une [balle] dans la tête”. Ensuite, le pied de Nahel aurait “lâché le frein, probablement par panique, en essayant de se protéger”. La voiture, qui était automatique, a alors avancé d’elle-même. “Le policier a demandé à son collègue de tirer. Et le coup est parti”, ajoute-t-il dans sa lettre.
Le passager arrière déclare qu’au début, il a cru que son ami n’avait pas été touché. “Après avoir reçu la balle, Nahel a dit : ‘C’est un fou, il a tiré'”, témoigne-t-il. La Mercedes a ensuite “accéléré brusquement” et l’adolescent a ressenti un choc lorsque le véhicule s’est encastré dans un mobilier urbain. Il explique qu’à ce moment-là, Nahel ne bougeait plus. Selon lui, “il n’y avait pas de sang, mais il était penché sur le côté”.
L’adolescent affirme être parvenu à sortir du véhicule avant d’être immédiatement interpellé par l’un des deux motards. “J’ai levé les mains pour qu’il ne me tire pas dessus”, ajoute-t-il. “Je me suis retrouvé par terre. J’ai dit [au policier] que je n’avais rien fait et il m’a répondu : ‘Ferme ta gueule’. Et il m’a menotté”, assure le collégien. Il a ensuite assisté aux tentatives de massage cardiaque pratiquées sur Nahel. Selon ses dires, le policier qui n’a pas tiré aurait également réprimandé son collègue, lui disant qu’il “n’aurait pas dû tirer”. Ce policier aurait ajouté que “Nahel était mort”. “C’est à ce moment-là que j’ai compris”, écrit l’adolescent dans sa lettre.
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