Après la mort de François, l’Église catholique en quête d’un nouveau pape

À la suite du décès du pape François, les regards se tournent vers Rome, où les cardinaux électeurs se réuniront début mai dans la Chapelle Sixtine pour désigner le 267e successeur de Pierre. Les funérailles du souverain pontife auront lieu ce samedi 26 avril à 10 heures, suivies des congrégations générales, prélude traditionnel au conclave. Parmi les 135 électeurs – tous âgés de moins de 80 ans –, près de 80 % ont été créés cardinaux par François lui-même. Si le verdict du conclave reste imprévisible, plusieurs figures émergent déjà dans les cercles vaticanistes.

Un Français parmi les papabili

Parmi les favoris, le nom de Jean-Marc Aveline, cardinal et archevêque de Marseille, revient avec insistance. Né en Algérie, ce fils de pieds-noirs andalous a fait de la cité phocéenne son terrain d’engagement. Créé cardinal en 2022, il incarne une Église tournée vers le dialogue interreligieux et la solidarité avec les plus vulnérables, en particulier les migrants. En septembre 2023, il avait accueilli avec chaleur le pape François lors de sa visite à Marseille. Tout récemment élu président de la Conférence des évêques de France, ce prélat affable incarne les priorités du pontificat défunt.

Des profils contrastés pour une Église en transition

À ses côtés, d’autres cardinaux suscitent également l’attention. L’Italien Pietro Parolin, 70 ans, actuel secrétaire d’État du Vatican, incarne l’expérience diplomatique. Silhouette discrète, voix posée, ce proche de François est un homme de dossiers, fin connaisseur de la Curie et acteur clé de l’accord historique entre le Saint-Siège et la Chine en 2018.

Toujours en Italie, Matteo Zuppi, archevêque de Bologne et président de la Conférence épiscopale italienne, séduit par son profil de pasteur engagé. Proche des communautés marginalisées, médiateur de paix au Mozambique puis en Ukraine, il est l’un des visages du catholicisme social et inclusif promu par François.

Autre candidat notable, Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem. Ce franciscain polyglotte, fin connaisseur du Proche-Orient, s’est illustré par ses appels au dialogue au cœur des conflits israélo-palestiniens.

Parmi les Européens, Claudio Gugerotti, spécialiste du monde slave, ou encore Jean-Claude Hollerich, archevêque du Luxembourg, jésuite et défenseur de la transition écologique, figurent aussi parmi les profils surveillés.

Une Église universelle, des voix venues de tous les continents

L’Église pourrait aussi se tourner vers d’autres horizons. Le cardinal maltais Mario Grech, coordinateur du synode sur l’avenir de l’Église, s’est distingué par sa capacité à ménager tradition et ouverture. L’intellectuel hongrois Peter Erdö, apprécié pour son érudition et ses positions conservatrices, figure également parmi les papabili.

Le continent africain est représenté par plusieurs figures fortes : Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, voix respectée dans les mouvements pour la paix ; Peter Turkson (Ghana), chantre de la justice sociale sur les forums internationaux ; ou encore Robert Sarah (Guinée), figure du courant ultra-conservateur, souvent évoqué pour devenir le premier pape noir.

L’Asie n’est pas en reste avec le charismatique cardinal philippin Antonio Tagle, surnommé le “François asiatique”, fervent défenseur des pauvres et des migrants. Quant à Charles Maung Bo (Birmanie), il symbolise la lutte pour les droits humains dans un contexte de violences politiques.

Les États-Unis comptent aussi deux figures de poids : Robert Francis Prevost, ancien missionnaire au Pérou et préfet du Dicastère pour les évêques, et Timothy Dolan, archevêque médiatique de New York, conservateur affirmé au style bonhomme.

Une décision hautement spirituelle

Mais au-delà des profils et des pronostics, le choix du prochain pape relève d’un discernement spirituel. Dans le secret du conclave, les cardinaux devront conjuguer fidélité à l’héritage de François et réponses aux défis de l’Église contemporaine : synodalité, place des femmes, fractures géopolitiques, crise des vocations et attentes sociétales.

Rien ne permet aujourd’hui de prédire l’issue de ce scrutin sacré. Une seule certitude : l’avenir de l’Église catholique s’écrira à nouveau sous les fresques de Michel-Ange.