Meurtre d’une surveillante à Nogent : le suspect de 14 ans dit avoir prémédité son acte

Un drame d’une rare violence a bouleversé la communauté éducative du collège Françoise-Dolto, à Nogent, en Haute-Marne. Mardi 10 juin, une surveillante de 31 ans a été mortellement poignardée par un élève de troisième, âgé de 14 ans, alors qu’elle participait à un contrôle des sacs à l’entrée de l’établissement. La victime, touchée par sept coups de couteau, est décédée sur place peu après 10h10.

Un acte prémédité, sans remords exprimé

Selon les éléments révélés par le procureur de la République de Chaumont, Denis Devallois, lors d’une conférence de presse tenue mercredi 11 juin, le collégien ne ciblait pas personnellement la victime, mais avait nourri depuis plusieurs jours l’intention de s’en prendre à « n’importe quelle surveillante ». Il aurait été contrarié après avoir été récemment réprimandé pour avoir embrassé sa petite amie dans l’enceinte du collège. Bien que la surveillante concernée ne soit pas la victime, l’adolescent a reconnu avoir “ressassé” l’incident dès le samedi 7 juin, élaborant dès lors un projet meurtrier.

Le suspect n’a exprimé « ni regret, ni compassion » durant sa garde à vue. « Il se montre détaché tant vis-à-vis de la gravité des faits que de leurs conséquences », a déclaré le procureur, évoquant également chez le jeune une « fascination pour la mort et la violence ». Il aurait déclaré vouloir “faire le plus de dégâts possible”.

Une attaque brutale, menée avec un couteau de cuisine

L’adolescent a utilisé un couteau de cuisine de 34 cm, dont 20 cm de lame, dissimulé dans son sac. Il a asséné plusieurs coups à la surveillante peu après 8h15. Un gendarme, présent pour sécuriser le contrôle, a réussi à maîtriser le jeune assaillant, mais a été blessé à la main — il s’est vu prescrire dix jours d’incapacité totale de travail (ITT).

L’autopsie pratiquée mercredi a révélé sept plaies, situées principalement sur le côté gauche du corps, ainsi que des lésions de défense aux mains et des blessures à la tête, à l’épaule et au dos. Une des plaies dorsales a été mortelle.

Un profil scolaire sans antécédents judiciaires

Le collégien, né en août 2010, était scolarisé en classe de troisième. Décrit comme “sociable” et plutôt bon élève, il vivait dans une famille sans histoire, insérée professionnellement, et ne faisait l’objet d’aucun suivi psychiatrique. Il avait toutefois été exclu temporairement à deux reprises au cours de l’année scolaire pour des faits de violence envers d’autres élèves.

Aucun trouble psychologique n’a été détecté pour l’instant lors de sa garde à vue, prolongée de 24 heures.

Une émotion nationale et des mesures politiques

Le meurtre a provoqué une onde de choc à l’échelle nationale. Une minute de silence a été observée à l’Assemblée nationale, puis au Sénat. La ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, a dénoncé un “drame épouvantable” sur France Inter et annoncé qu’une minute de silence sera respectée jeudi midi dans tous les établissements scolaires du pays.

Dans la foulée, le gouvernement a promis de renforcer la sécurité dans les écoles. Un arrêté interdisant la vente de couteaux aux mineurs est en préparation et devrait être adopté dans les quinze prochains jours. Il complétera la liste des armes de catégorie D interdites à la vente aux moins de 18 ans, jusqu’ici limitée aux poignards et couteaux-poignards.