Macron en Asie du Sud-Est : cap sur une stratégie d’équilibre entre puissances rivales

Emmanuel Macron a entamé dimanche 25 mai une tournée diplomatique en Asie du Sud-Est, avec des escales prévues au Vietnam, en Indonésie et à Singapour. Ce déplacement présidentiel d’une semaine vise à renforcer la présence stratégique de la France dans cette région-clé, au cœur des rivalités croissantes entre les États-Unis et la Chine. L’objectif affiché : incarner une « puissance d’équilibre » et promouvoir une coopération renforcée dans les domaines de la défense, de l’énergie, de la recherche et du commerce.

Première étape : le Vietnam, entre mémoire, stratégie et partenariats

Arrivé à Hanoï dimanche soir avec son épouse Brigitte Macron, le chef de l’État a entamé sa visite au Vietnam ce lundi 26 mai. Il a été reçu par son homologue vietnamien Luong Cuong, ainsi que par le secrétaire général du Parti communiste To Lam, figure centrale du pouvoir. Un hommage solennel a été rendu dans la matinée aux anciens combattants de la guerre d’Indochine, illustrant la complexité d’une relation historique encore marquée par le passé colonial.

Mais c’est bien l’avenir qui structure ce déplacement. Emmanuel Macron entend développer les partenariats franco-vietnamiens dans des secteurs stratégiques, à commencer par l’énergie — notamment les renouvelables et le nucléaire — les transports, et la défense. Des groupes majeurs comme EDF, Dassault Aviation, Naval Group, Eramet ou encore CMA CGM accompagnent la délégation présidentielle, avec en ligne de mire plusieurs contrats industriels et accords bilatéraux.

Un axe indopacifique assumé

Cette tournée s’inscrit dans la continuité de la stratégie « indopacifique » lancée dès 2018 par Paris. Dans un contexte de tensions géopolitiques exacerbées — de la guerre en Ukraine aux affrontements au Moyen-Orient, en passant par les querelles sino-américaines — la France veut se positionner comme un acteur fiable, respectueux de la souveraineté des États de la région.

Le Vietnam, soucieux de maintenir une diplomatie d’équilibre avec Washington et Pékin, semble particulièrement réceptif à cette approche. Surnommée « diplomatie du bambou », cette ligne politique vietnamienne valorise l’agilité dans un environnement géopolitique mouvant — un terrain propice à une coopération renforcée avec Paris.

Science, commerce et francophonie : les autres axes

Au-delà des questions de défense et d’énergie, Emmanuel Macron mise également sur le développement de la recherche scientifique, de l’enseignement supérieur et de la francophonie. Il s’agit d’intensifier les échanges académiques, scientifiques et technologiques, notamment avec l’Indonésie, pays au fort potentiel démographique mais encore peu intégré dans les réseaux universitaires internationaux.

Les enjeux commerciaux sont également centraux : la région de l’Asie du Sud-Est, avec ses 700 millions d’habitants et sa croissance soutenue, représente un marché stratégique pour les entreprises françaises. À Hanoï, Paris soutient activement le projet colossal de ligne à grande vitesse entre la capitale et Hô Chi Minh-Ville, estimé à 67 milliards de dollars.

La tournée s’achèvera vendredi à Singapour, où Emmanuel Macron prononcera le discours inaugural du Shangri-La Dialogue, le principal sommet régional sur les questions de sécurité et de défense.