Après avoir causé des ravages en Grèce, en Turquie et en Bulgarie, la tempête Daniel a traversé la Méditerranée pour s’abattre sur la Libye. Depuis le dimanche 10 septembre, le pays est confronté à d’énormes inondations, avec une attention particulière portée à l’Est du pays
Les vidéos circulant sur les réseaux sociaux dévoilent des torrents de boue d’une violence inimaginable, emportant avec eux des débris variés, tandis que des véhicules semblent aussi légers qu’un fétu de paille, renversés par la furie des eaux. D’autres images montrent des glissements de terrain engloutissant immeubles et routes.
La ville côtière de Derna, coincée entre la Méditerranée et une chaîne de collines, a subi de plein fouet les conséquences de la rupture de deux barrages en amont. La cité a été submergée par une déferlante d’eau, tandis que la rivière descendant des montagnes s’est épanchée sur une cinquantaine de mètres de part et d’autre de son lit.
Les structures urbaines de Derna étaient déjà fragiles, ayant été gravement endommagées par les combats qui ont duré jusqu’en 2019, opposant les milices djihadistes aux forces du général Haftar. Aucun message d’alerte n’a été diffusé, aucune évacuation n’a eu lieu. Des centaines de résidents se retrouvent encore bloqués sur les toits, en attente de secours. Le chef du Conseil présidentiel, Mohamad al-Manfi, a proclamé les villes de Derna, Shahat et al-Bayda comme des « zones sinistrées ».
La route menant aux antiques temples de Cyrène, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, s’est effondrée en totalité. Dans l’Est, riche en champs pétrolifères, la Compagnie nationale de Pétrole (NOC) a déclaré « l’état d’alerte maximale » et a « suspendu les vols » vers les sites de production, où l’activité a été considérablement réduite.
Le bilan de la catastrophe demeure incertain en raison des coupures partielles des liaisons téléphoniques et des routes. Les secours éprouvent des difficultés à accéder aux zones touchées et à établir un décompte précis. Les autorités de l’est de la Libye ont même perdu le contact avec neuf soldats lors des opérations de sauvetage.
L’Armée nationale libyenne évoque au moins 2 000 décès et 5 000 disparus, bien que ces chiffres ne soient pas confirmés par les ONG ni par les organisations médicales, suggérant qu’ils pourraient être exagérés.
Malgré tout, le responsable du Croissant rouge à Benghazi qualifie la situation de « catastrophique ». La Libye n’avait jamais connu un phénomène météorologique d’une telle violence.
Le pays a déclaré trois jours de deuil national et a lancé un appel à l’aide internationale. Plusieurs pays, dont la France, la Tunisie, l’Algérie, les Émirats arabes unis et la Turquie, ont présenté leurs condoléances, exprimé leur solidarité avec le peuple libyen et offert leur assistance. Les États-Unis envisagent également de contribuer aux opérations de secours en collaboration avec l’ONU. Cependant, la coordination de l’aide humanitaire pose question en raison de la division persistante en Libye, avec deux gouvernements rivaux et un territoire morcelé.
Lors d’une réunion extraordinaire du Conseil des ministres diffusée en direct à la télévision le lundi 11 septembre, le Premier ministre reconnu par la communauté internationale a appelé les Libyens à faire preuve d’unité nationale face à cette catastrophe.
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