Aurélien Rousseau révèle avoir été touché par un cancer et appelle à sanctuariser les budgets de la recherche

“Ces sujets intimes sont aussi des sujets politiques”, a lancé mardi 3 juin l’ancien ministre de la Santé à l’Assemblée nationale, en révélant publiquement avoir été atteint d’un cancer. Aujourd’hui député Place publique des Yvelines, Aurélien Rousseau a profité d’une séance de questions au gouvernement pour alerter sur l’augmentation des cas de cancers, en particulier chez les plus jeunes, et appeler l’exécutif à ne procéder à aucune réduction budgétaire sur les moyens alloués à la recherche.

Un appel pour la prévention et la transparence

Dans une prise de parole empreinte d’émotion, saluée par une salve d’applaudissements, le député a insisté sur la nécessité de “préserver les investissements en matière de recherche”, notamment dans un contexte qu’il qualifie de “paradoxal” : “Chaque jour, des traitements nouveaux sont présentés dans le monde avec des perspectives très encourageantes, et en même temps, de très nombreux d’entre nous vivent ou ont vécu avec le cancer.”

Saluant à son tour la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, qui avait révélé en janvier avoir souffert d’un cancer du sein, Aurélien Rousseau a estimé que ces prises de parole contribuaient à politiser un sujet trop souvent relégué à la sphère privée : “Je peux le dire aujourd’hui, pas seulement pour excuser de longues semaines d’absence sur ces bancs, mais pour rappeler aux Françaises et aux Français que ces sujets intimes sont aussi des sujets politiques.”

“Nous devons nous préparer à un tsunami”

Évoquant l’avertissement du professeur Fabrice Barlesi, directeur de l’institut Gustave-Roussy, le député a parlé d’un possible “tsunami” de cas de cancer à venir. Il a rappelé les facteurs bien identifiés (tabac, alcool, surpoids, alimentation), mais aussi les pistes encore à explorer : pollutions environnementales, aliments ultratransformés, perturbateurs endocriniens, ou encore contraceptifs hormonaux.

Il a par ailleurs plaidé pour un renforcement de la prévention, qu’il juge décisive dans la lutte contre les récidives et les inégalités sociales de santé. Enfin, il a exhorté le ministère de la Santé à garantir transparence scientifique et finalisation du registre national des cancers, outil jugé indispensable pour mieux comprendre les causes et l’évolution de la maladie.

Le gouvernement se veut rassurant

Répondant à l’intervention d’Aurélien Rousseau, le ministre délégué à la Santé Yannick Neuder a salué son “courage” ainsi que celui “des quatre millions de Français qui vivent avec un cancer”. Il a assuré qu’il n’y avait “aucune intention de limiter la recherche sur le cancer budgétairement” et que l’ensemble des groupes politiques soutenait l’inscription à l’ordre du jour du registre des cancers.

Le ministre a aussi rappelé que les travaux en cours s’intéressaient aux “nouvelles hygiènes de vie”, à la qualité de l’air et de l’eau, aux pesticides, aux substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), et aux effets de l’alimentation ultra-transformée, “une piste sérieuse”, a-t-il conclu.