L’Agence internationale de l’énergie (AIE) émet un avertissement concernant d’éventuelles pénuries de diesel en Europe au cours des prochains mois en raison de contraintes d’approvisionnement. Cependant, il convient de nuancer ce risque
L’embargo de l’Union Européenne sur le pétrole brut russe suscite des inquiétudes quant à une possible pénurie cet hiver, comme le craint l’AIE. L’agence estime que l’Europe devra dépendre davantage des « importations soutenues » en provenance d’autres pays.
L’impact de l’embargo sur la Russie sur l’UE est évident. « Dix mois après l’entrée en vigueur de l’embargo de l’UE sur le brut russe, destiné à asphyxier les revenus pétroliers de Moscou, les raffineries européennes ont toujours du mal à augmenter leurs capacités de traitement et la production de diesel », explique l’AIE dans son rapport mensuel. Cette situation complexifie l’approvisionnement de l’Europe en diesel en raison des normes spécifiques de l’UE auxquelles les Russes s’étaient conformés.
Concernant la capacité du Moyen-Orient à compenser, le président de l’Union française des industries pétrolières, Olivier Gantois, rassure en affirmant que la région représente une part significative du commerce mondial de pétrole par voie maritime et est capable de produire du diesel conforme aux normes européennes.
Le conflit en Israël peut-il changer la donne ?
En ce qui concerne l’impact du conflit en Israël, l’AIE reste prudente, soulignant qu’elle est prête à prendre des mesures pour garantir un approvisionnement adéquat si nécessaire. Toutefois, Olivier Gantois souligne que le conflit n’affecte pas la production de pétrole brut, sauf si le conflit s’étend aux pays du Golfe, ce qui semble peu probable compte tenu des efforts de normalisation entre l’Arabie saoudite et ses voisins.
En ce qui concerne le prix du pétrole, il reste stable pour le moment, ayant connu une légère hausse de 5% après le début du conflit avant de revenir à des niveaux antérieurs. Le baril se négocie actuellement à 86 dollars, bien en deçà des récents records.
Cependant, des doutes subsistent quant à la capacité de raffinage mondiale, car la demande mondiale continue d’augmenter, tandis que les capacités de raffinage n’augmentent pas de manière équivalente. L’AIE plaide donc en faveur d’une amélioration des rendements des raffineries.
Pour la France, bien que le pays importe la moitié du gazole qu’il consomme, il n’y a pas d’alerte immédiate concernant l’approvisionnement. Les contrats établis avec de grands distributeurs couvrent le pays jusqu’en décembre, et les négociations pour 2024 se déroulent normalement, selon Olivier Gantois. Le risque existe, mais il doit être relativisé.
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