Les ministres de l’Économie et du Budget, Antoine Armand et Laurent Saint-Martin, ont validé plusieurs pistes déjà évoquées, telles que le report de six mois de la revalorisation annuelle des pensions de retraite
Jeudi 10 octobre 2024, le gouvernement a finalement dévoilé son projet de loi de finances pour 2025 avec une semaine de retard. Laurent Saint-Martin, ministre du Budget, et Antoine Armand, ministre de l’Économie, ont présenté ce budget en Conseil des ministres ainsi qu’à la presse.
« C’est un budget perfectible, » a admis Michel Barnier, ajoutant que jamais un Premier ministre n’avait dû finaliser un budget en seulement quinze jours. « Ce n’est pas possible de tout faire bien, » s’est-il défendu lors d’un déplacement à Poitiers.
Le gouvernement s’est fixé l’objectif de ramener le déficit public à 5% du PIB en 2025, après un dérapage à 6,1% attendu pour 2024. « Notre dette publique est colossale, » a prévenu Antoine Armand. Le projet de loi prévoit ainsi un effort budgétaire de 60 milliards d’euros, avec 40 milliards de réduction des dépenses et 20 milliards de recettes supplémentaires. Voici les mesures principales à retenir :
Contribution exceptionnelle des plus hauts revenus
Pendant trois ans, les foyers fiscaux les plus aisés verront leurs impôts augmenter. Le projet introduit une contribution qui garantira un taux d’imposition minimum de 20% pour les contribuables dont le revenu de référence dépasse 250 000 euros pour une personne seule ou 500 000 euros pour un couple. Cette mesure, visant à récolter 2 milliards d’euros en 2025, n’affectera pas les autres classes sociales, le barème de l’impôt sur le revenu restant indexé sur l’inflation.
Taxation exceptionnelle des grandes entreprises
Les entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse 1 milliard d’euros seront soumises à un impôt exceptionnel sur leurs bénéfices, un effort temporaire qui touchera 440 groupes. Le gouvernement espère générer 8 milliards d’euros de recettes en 2025 grâce à cette mesure, ainsi qu’une taxe sur le rachat d’actions, prévue pour rapporter 200 millions d’euros. Une taxe exceptionnelle sur le fret maritime est également en préparation.
Report de la baisse de la CVAE
Le projet reporte la diminution de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) de trois ans, permettant d’économiser 1,1 milliard d’euros en 2025. D’autres aides aux entreprises, telles que celles pour l’apprentissage, seront également ajustées à la baisse, tandis que les allégements de cotisations seront réformés pour inciter à augmenter les salaires.
Réduction des dépenses publiques et suppressions de postes
Un effort budgétaire de 21,5 milliards d’euros est attendu du secteur public, avec la suppression de 2 200 postes dans plusieurs ministères et opérateurs d’État. Le ministère de l’Éducation sera particulièrement touché, avec 2 030 emplois en moins, mais les effectifs de la Justice, des Armées et de l’Intérieur seront renforcés.
Revalorisation des pensions de retraite reportée
Pour économiser 3,8 milliards d’euros, la revalorisation des pensions de retraite sera décalée de janvier à juillet 2025. Les autres prestations sociales, quant à elles, suivront le calendrier habituel.
Augmentation de la taxe sur l’électricité
La taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE), réduite durant la crise énergétique, sera relevée à environ 50 euros par MWh en février 2025. Cependant, Bercy affirme que la facture des ménages régulés baissera d’au moins 9%, grâce à la baisse des prix de l’électricité sur les marchés.
Renforcement du malus automobile
Le seuil du malus écologique, applicable aux véhicules émettant plus de CO2, sera abaissé. De plus, les voitures les plus lourdes seront également davantage taxées à partir de 2026. Ces mesures devraient rapporter 300 millions d’euros à partir de 2026.
Augmentation de la taxe sur les billets d’avion
Le gouvernement prévoit de relever la taxe sur les billets d’avion, y compris pour les jets privés. Cette hausse sera intégrée au texte via un amendement au Parlement.
Enfin, le texte devrait être complété par des amendements renforçant les budgets de la Justice, de l’Intérieur, ainsi que le financement du patrimoine français.