Gabriel Attal prend les devants pour prévenir toute éventuelle tension dans le secteur agricole. À un mois du salon de l’Agriculture, le gouvernement ne semble pas anticiper un retour des gilets jaunes, mais cherche des solutions pour résoudre la crise. De son côté, Jordan Bardella observe la situation attentivement.
Les manifestations se maintiennent, notamment en Haute-Garonne, marquées par le blocage de l’autoroute A64. Les représentants des principaux syndicats agricoles sont reçus ce lundi à Matignon par le Premier ministre Gabriel Attal.
Peut-on anticiper une crise politique plus profonde découlant de la colère des agriculteurs ? L’inquiétude se manifeste de plus en plus au sommet de l’État. Des signes alarmants, tels que des tracteurs prêts à se diriger vers Paris et des menaces de déversement de produits devant les préfectures, ont été rapportés au président par un proche d’Emmanuel Macron ce week-end. « Une colère latente et des images préoccupantes », exprime une figure importante de la majorité.
Un terrain propice au RN
Les agriculteurs réclament moins de normes et une vie plus facile lors des manifestations, comme celle de Carbonne, près de Toulouse, où l’autoroute A64 reste coupée en ce début de semaine, pour la cinquième journée consécutive. Une préoccupation majeure pour le gouvernement réside désormais dans la montée du RN dans les sondages, à cinq mois des élections européennes. Déjà largement en tête, Jordan Bardella a pris la parole sur le sujet.
« Un mouvement de colère est en train de s’étendre partout en Europe, et le point commun de ce mouvement, c’est l’Union européenne », a déclaré le leader du mouvement lors de sa visite dans une ferme laitière. Plusieurs points d’irritation soulevés par le secteur agricole ne peuvent être résolus qu’au niveau européen : augmentation des mises en jachère, ouverture de l’UE aux produits agricoles ukrainiens, réduction de l’usage de produits phytosanitaires…
« Ils ont 12 motifs de contestation, et c’est compréhensible. Donc, c’est difficile d’y répondre », déplore un conseiller gouvernemental.
Challenges logistiques pour étendre les mobilisations
Alors que les points de blocage sont actuellement concentrés dans le Sud-Est, la FNSEA, principal syndicat agricole, évoque la possibilité de manifestations à l’échelle nationale. « La FNSEA fait étalage de sa force, mais en réalité, elle essaie de rattraper le mouvement de contestation, ce qui n’est pas une bonne nouvelle. Un mouvement peu structuré est toujours plus difficile à anticiper », observe Dominique Bussereau, ancien ministre de l’Agriculture sous Jacques Chirac.
« Débloquer des ronds-points à la sortie d’autoroutes est une chose, bloquer la capitale en est une autre. Cela nécessite des réseaux, des points d’accueil nocturnes, des ressources techniques. Ce n’est plus le cas aujourd’hui », estime-t-il.
Enjeux syndicaux et élections futures en arrière-plan, se dessinent également les futures élections syndicales de 2025, incitant les centrales à ne pas paraître dépendantes de leurs adhérents dans un contexte européen instable.
Les actions européennes des agriculteurs qui, d’un bout à l’autre de l’Europe, multiplient les actions coup de poing, des Pays-Bas à la Roumanie en passant par la Pologne et l’Allemagne.
Cependant, du côté du maintien de l’ordre, aucune intention d’adopter une posture répressive. Gérald Darmanin a déclaré lors d’une conférence de presse lundi qu’il n’envisageait pas de disperser les manifestations agricoles.
« L’objectif est d’éviter d’aggraver la situation. Nous privilégions l’apaisement, le dialogue, sans envoyer les forces de l’ordre. L’idée est de ne surtout pas les ériger en martyrs », explique un ancien conseiller du ministère de l’Agriculture.
Dans l’Actualité