Le cinéaste Benoît Jacquot a été mis en examen pour « viol, agression sexuelle et violences » à l’encontre de l’actrice Julia Roy, ainsi que pour « viol sur mineure par personne ayant autorité » concernant Isild Le Besco. Présenté à un juge d’instruction ce mercredi 3 juillet, il est accusé de « viols », « viols sur mineurs », « agressions sexuelles » et « violences » sur les deux actrices, selon le parquet de Paris
Plus précisément, Benoît Jacquot est inculpé pour « viol par conjoint ou concubin », « violences volontaires sans ITT par conjoint ou concubin » et « agression sexuelle par conjoint » sur Julia Roy, ainsi que pour « viol sur mineure par personne ayant autorité » sur Isild Le Besco.
Il a été placé sous le statut de témoin assisté pour d’autres faits dénoncés par les mêmes actrices. Son contrôle judiciaire lui interdit désormais d’exercer le métier de réalisateur et toute activité en lien avec les mineurs.
Me Julia Minkowski, avocate du réalisateur, a réagi en déclarant : « L’enquête est à ce stade embryonnaire et il était particulièrement prématuré de le présenter devant un juge d’instruction. Le juge n’a d’ailleurs pas retenu l’ensemble des faits pour lesquels le parquet avait pris ses réquisitions, en le plaçant partiellement sous le statut de témoin assisté. »
Elle a également exprimé son regret concernant la détention prolongée de Benoît Jacquot, âgé de 77 ans : « Il est regrettable que Benoît Jacquot ait été retenu pendant trois jours par la justice et entendu sans avoir eu accès à son dossier, ce qui est pourtant prévu par le code de procédure pénale dans des cas flagrants d’atteinte à la présomption d’innocence. »
Trois nouvelles plaintes contre Jacques Doillon
Le cinéaste Jacques Doillon, âgé de 80 ans, a été placé en garde à vue lundi dans le cadre de l’enquête ouverte en février par le parquet de Paris, notamment pour « viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité ». Cette enquête a été déclenchée après la plainte de Judith Godrèche, 52 ans, qui accuse les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon. La garde à vue de Doillon a été levée mardi soir « pour des raisons médicales », a indiqué le parquet, ajoutant qu’il « a transmis la procédure pour évaluer les suites à donner ». Les plaignantes dont les faits ne correspondent pas à la période de prévention retenue (2013-2018 pour Julia Roy et 1998-2000 et 2007 pour Isild Le Besco) « seront contactées personnellement », selon la même source.
Confrontation et nouvelles accusations
Devant les policiers, Jacques Doillon a été confronté à Joe Rohanne, une personne trans non binaire, qui a porté plainte pour trois viols, coups et blessures, et violences psychologiques. « J’y pensais depuis longtemps. Je ne passais pas le cap. Notre fille a 13 ans. C’est délicat de porter plainte contre le père de son enfant. J’ai longtemps eu peur que ce soit une épreuve trop difficile à vivre pour elle », a déclaré Joe à Libération.
Le Monde a révélé mercredi soir la plainte de Joe Rohanne ainsi que celles de deux autres femmes, l’une accusant Doillon de viol et l’autre de tentative de viol. Marie Dosé, l’avocate de Doillon, n’a pas souhaité réagir.
Réactions aux plaintes
Judith Godrèche, qui affirme avoir subi une relation d' »emprise » et de « perversion » avec Benoît Jacquot entre 1986 et 1992, a vu ses accusations exclues de l’information judiciaire en raison de la prescription. Cependant, une enquête a été ouverte pour identifier d’autres victimes potentielles. Julia Roy et Isild Le Besco ont décrit dans la presse et dans un livre le comportement abusif de Jacquot. Elles ont porté plainte après Judith Godrèche.
« Nous prenons acte du déferrement de Benoît Jacquot devant un juge d’instruction pour des faits similaires à ceux commis contre Judith Godrèche, bien que prescrits », a déclaré l’avocate de Godrèche, Laure Heinich, à l’AFP. Elle a ajouté que sa cliente « peut néanmoins se sentir entendue à travers la décision du parquet ». Judith Godrèche a confirmé ces propos sur son compte Instagram.
Contestation des faits
Benoît Jacquot et Jacques Doillon contestent fermement les accusations portées contre eux. Julia Minkowski, l’avocate de Jacquot, a affirmé que le cinéaste allait « enfin pouvoir s’exprimer devant la justice », dénonçant une « ultra-médiatisation » et des « dysfonctionnements de la justice ».
Jacques Doillon, quant à lui, a porté plainte contre Judith Godrèche pour diffamation. Godrèche accuse Doillon d’avoir « abusé » d’elle à l’âge de 15 ans, dans son bureau et sur le plateau de tournage du film La Fille de quinze ans. L’avocate de Doillon, Marie Dosé, a commenté que son client « aurait dû être entendu dans le cadre d’une audition libre au vu de l’ancienneté des faits, de leur prescription acquise depuis plus de deux décennies, et de l’inéluctable classement sans suite qui clôturera cette enquête ».