Le Vatican a rendu publique une lettre du Pape François adressée à plusieurs cardinaux conservateurs, dans laquelle il suggère que les couples de même sexe peuvent recevoir des bénédictions, tant que celles-ci ne sont pas considérées comme un mariage. Cette déclaration remet en question la doctrine de l’Église et marque un tournant inédit

Le Pape François a répondu dans cette lettre à cinq questions (« dubias » en latin, signifiant « doutes ») posées par cinq cardinaux conservateurs, dont le Guinéen Robert Sarah, sur divers points controversés au sein de la communauté catholique.

L’une des questions portait sur la position du Pape concernant les bénédictions des « couples de même sexe », une pratique contraire à la doctrine en vigueur mais déjà effectuée par des prêtres dissidents en Allemagne et en Belgique.

La prudence pastorale reste de mise

Le Pape a répondu avec nuance dans sa lettre. Il a toutefois défendu la « charité pastorale » qui permettrait de bénir de telles unions, soulignant que l’Église ne devait pas simplement rejeter et exclure, mais plutôt exercer un discernement approprié. Il a écrit que la « prudence pastorale » doit déterminer si des bénédictions, demandées par une ou plusieurs personnes, ne véhiculent pas une conception erronée du mariage.

Le Pape a rappelé la position « claire » de l’Église sur la définition du mariage comme une « union exclusive, stable et indissoluble entre un homme et une femme, naturellement ouverte à la procréation ». Il a cependant souligné que la « charité pastorale » exigeait de ne pas traiter les personnes dont les actes pourraient être « influencés » par des éléments hors de leur contrôle comme de simples pécheurs.

Un discours plus souple mais pas une généralité

Il a précisé que l’examen des demandes de bénédictions doit être effectué au cas par cas, et les décisions positives ne doivent pas nécessairement devenir la norme.

Cette annonce survient deux jours avant le début de la 16e Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, au cours de laquelle des évêques, mais également des femmes et des laïcs participeront à des discussions sur divers sujets de société, suite à une consultation mondiale des catholiques. Ces débats pourraient potentiellement influencer la doctrine de l’Église.

Depuis son élection en 2013, le Pape François a souvent provoqué la désapprobation des conservateurs, notamment en restreignant l’usage de la messe traditionnelle en latin en 2021 et en encourageant l’union civile des couples homosexuels en 2020.