Sly Stone, génie tourmenté et pionnier du funk, s’est éteint à 82 ans

Fondateur du groupe Sly and the Family Stone, véritable révolution musicale et sociale des années 1960-70, le musicien américain Sly Stone est mort à l’âge de 82 ans, a annoncé sa famille le lundi 9 juin. Son héritage artistique, aussi flamboyant que chaotique, continue d’inspirer des générations d’artistes.

Sylvester Stewart, alias Sly Stone, s’est éteint paisiblement entouré de ses enfants et de ses proches, après une longue lutte contre la BPCO et divers problèmes de santé. « C’est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès de notre père bien-aimé », a déclaré sa famille dans un communiqué relayé par la presse américaine, ajoutant : « Si nous pleurons son absence, nous trouvons du réconfort dans l’idée que son extraordinaire héritage musical continuera de résonner. »

Un créateur hors normes, figure d’unité dans une Amérique fracturée

Né au Texas en 1943 et élevé à San Francisco, Sly Stone s’impose comme l’un des grands architectes du funk moderne. Multi-instrumentiste, compositeur et producteur visionnaire, il fonde dans les années 1960 le groupe Sly and the Family Stone, formation mixte et multiraciale, fait rarissime à l’époque, qui deviendra un symbole de diversité et d’unité dans une Amérique marquée par la lutte pour les droits civiques.

Le groupe marque l’histoire dès ses débuts avec Dance to the Music (1967), Everyday People (1968) ou encore If You Want Me to Stay (1973), chef-d’œuvre du rhythm and blues. Leur performance à Woodstock en 1969 reste l’un des moments phares du festival. En quelques années seulement, la Family Stone redéfinit les contours de la musique américaine, mêlant soul, rock psychédélique, funk et gospel. Leur influence s’étend de Prince à Miles Davis, des Red Hot Chili Peppers aux Beastie Boys.

Un parcours miné par les excès, une légende vivante jusqu’au bout

Mais derrière le génie, la chute. Sly Stone, rattrapé par la pression de la célébrité, sombre dans la drogue. Annulations de concerts, dérive publique, arrestations : la carrière s’essouffle, et l’homme finit par vivre dans une camionnette, loin de la scène. En 2015, il remporte un procès contre son ancien manager pour des droits d’auteur non versés sur plus de vingt ans. En 2023, il publie ses mémoires, dans lesquelles il révèle s’être sevré depuis 2019.

Entré au Rock & Roll Hall of Fame en 1993, Sly Stone laisse derrière lui un héritage monumental. Sa vie et son œuvre ont récemment été célébrées dans le documentaire Sly Lives: aka The Burden of Black Genius, réalisé par le musicien Questlove. Sly Stone ne jouait pas seulement avec les sons : il a bousculé les genres, les normes, les couleurs – et l’histoire de la musique.