Laurent Berger, le secrétaire général du premier syndicat de France, quitte la tête de la CFDT

Dans un interview accordé à nos confrère Le Monde, Laurent Berger annonce qu’il quittera la tête de la CFDT, premier syndicat de France dès le mois de juin et plus précisément le 21 juin. 

Le secrétaire général du premier syndicat de France laissera sa place à Marylise Léon, l’actuelle numéro 2 du syndicat et ce dès le 21 juin.

“Ce n’est ni un coup de tête ni un choix dicté par l’actualité. Je souhaite tout simplement respecter des règles collectives et une forme d’éthique personnelle, liées au fonctionnement démocratique de la CFDT”, explique Laurent Berger et d’ajouter : “je pense que le 21 juin, je laisserai une CFDT qui va bien”.

C’est plus de 10 ans à la tête de la CFDT avec le sentiment d’avoir remplie son contrat

Cette décision est en tout point “murement réfléchie”, assume-t-il et il confirme par la même occasion qu’il avait même prévu de partir en fin d’année 2021. Mais les événements se sont enchaînés avec une crise sanitaire plutôt complexe, l’élection présidentielle mais aussi son mandat de président de la Confédération européenne des syndicats l’ont incité à revoir les échéances qu’il c’était fixées.

“J’occupe ce poste depuis dix ans et demi, soit une durée proche de celle des mandats de mes prédécesseurs, François Chérèque et Nicole Notat”, explique-t-il. “Initialement, je songeais partir un tout petit peu plus tôt, en juin 2022, mais il aurait été compliqué de le faire à ce moment-là compte tenu des événements.”

La grande favorite à sa succession se nomme Marylise Léon

Laurent Berger la présente comme sa “digne héritière”, elle qui occupe actuellement le poste de secrétaire générale adjointe de la CFDT depuis 2018 et qui, toujours selon lui, à toutes les qualités requises pour occuper ce poste.

“Elle est dynamique, elle a une compréhension du monde du travail qui est forte, parfois plus fine que la mienne – par exemple sur la question des nouvelles formes d’emplois”, indique-t-il dans Le Monde.

A la fois complice est très impliquée, Laurent Berger se veut rassuré sur l’avenir de la CFDT allant même jusqu’à encenser sa camarade : “Elle s’est battue avec énergie lors des négociations sur l’assurance-chômage et elle est convaincue que la transition écologique doit s’effectuer de façon juste sur le plan social. Elle est très appréciée au sein de la maison, elle est proche des gens, et garde un côté humain très important”, appuie-t-il avec beaucoup de sincérité.

Alors qu’il était l’unique candidat à sa succession, Laurent Berger, c’était fait réélire en juin 2022 bénéficiant d’une large majorité avec 96.68% des voix. Il avait par ailleurs annoncé à ce moment là qu’il n’irait pas aux termes de son mandat. Sa lutte de tous les instants contre la réforme des retraites aura donc été son dernier combat en sa qualité de patron de la CFDT.

Sa position sur le sujet ne présente aucune équivoque, tant la réforme des retraites aura mobilisée. Cette opposition, partagée par l’ensemble des syndicats, avait été également dictée par les délégués réunis en Congrès en juin dernier. Ils avaient alors exclu un amendement proposé alors par la direction qui considérait que “l’allongement de l’espérance de vie était un paramètre important” “et que cela [pouvait] expliquer, rien qu’à lui seul, une augmentation de l’âge moyen de liquidation”. Mais cela ouvrait grand la porte à une nouvelle négociation avec le gouvernement en ce qui concerne l’allongement des durées de cotisation.

Cela dit, les points de discordes ne manquent pas entre la direction de la CFDT, la base du syndicat et les différents gouvernements avec lesquels les négociations sont légions. Le principal étant bien entendu la question des retraites avec en point d’orgue un désaccord profond en 2003 que des “fractures” sont apparues alors que la direction avait largement soutenue le réforme des retraites de 2003. En poste à cette époque, François Chérèque avait alors choisit Laurent Berger comme son digne successeur en 2012.

Un vrai syndicaliste et pur produit de la CFDT

Issue d’une famille modeste, un père ouvrier soudeur sur les Chantiers de l’Atlantique et d’une auxiliaire de puériculture, Laurent Berger est né en 1968 à Guérande en Loire-Atlantique. Il occupera un poste de salarié au milieu des années 90 au sein d’une association d’insertion et c’est à partir de là que “n’acquis sa vocation”. En effet il allait créer une section syndicale CFDT (syndicat auquel appartenait et militait son père de profession ouvrier et de culture chrétien). Il devient alors délégué du personnel de la structure. Au fil du temps, il gravira les échelons dudit syndicat et il intégrera le bureau national de la CFDT en 2003. Et c’est six ans plus tard qu’il sera élu à la Commission exécutive confédérale, son instance dirigeante.

En 2012, alors qu’il était fraichement élu, Laurent Berger, marque de son empreinte ses différences par rapport à son prédécesseur. Si François Chérèque, qui devait faire face aux années de chômage de masse, avait fait de l’emploi sa principale priorité, Laurent Berger prône les conditions de travail des employés. Face au gouvernement et au Medef, le leader de la CFDT impose ainsi dans la négociation le compte personnel d’activité, la complémentaire santé pour tous, le compte pénibilité ou encore le compte personnel de formation (le fameux CPF).

Devenu un syndicalisme beaucoup plus pragmatique que ses prédécesseurs, soucieux  dans le détail du quotidien des travailleurs, il a la faveur des salariés. Et c’est en 2018 qu’il connait sous sa ‘gouvernance”, pour la première fois dans l’histoire de la CFDT, qui devient le premier syndicat français au cours des élections professionnelles. Il sera pleinement satisfait et ne s’en cachera pas, lui qui, c’était toujours montré si discret jusqu’alors.

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