L’affaire Alexis Kohler

L’affaire Alexis Kohler, sera-t-elle préjudiciable pour le gouvernement en plein dans la “bataille” pour la réforme des retraites ?

Voilà nul doute une affaire tentaculaire et qui implique l’un des plus proches collaborateur du président Macron. Et, de fait, cela risque d’embarrasser l’Elysée. Il est bon de rappeler que Jean-Dominique Comolli et Bruno Bézard, deux anciens hauts fonctionnaires du ministère de l’Economie et des Finances sont pour le moins dans une situation délicate. Mise en examen depuis le 9 février pour « complicité de prise illégale d’intérêts ». Le PNF – Parquet National Financier – à confirmé l’information à nos confrères de France 2 dans une émission qui sera diffusé le jeudi 23 mars sur Alexis Kohler.

Mais avant toute chose essayons de comprendre l’objet de ces reproches qui ont conduit à la mise en examen du secrétaire générale de l’Elysée dans le dossier MSC

Qu’on se le dise ce dossier s’annonce délicat pour les personnes qui vont l’instruire. A commencer par les deux mis en examen qui ont traité, au plus haut niveau, les affaires de l’État. En dirigeant l’Agence des participations de l’État (APE), les protagonistes avaient à charge les actions de l’État dans les grandes entreprises. Entre 2008 et 2012, l’actuel secrétaire général de l’Élysée a exercé des fonctions, siégeant notamment aux conseils d’administration de la RATP, de France Télévisions et même de Renault. D’autres sociétés on accueillit Alexis Kolher. Ce fut le cas de STX (le nom à l’époque des Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire) et au conseil de surveillance du Grand Port Maritime du Havre (GPMH).

Ces deux entreprises avaient des relations commerciales permanentes avec le groupe MSC, premier armateur mondial, dirigé par la famille Aponte. Des cousins au 5e degré d’Alexis Kohler, avec qui il aurait entretenu des relations personnelles. Le secrétaire général de l’Elysée est aujourd’hui mis en examen, car il est soupçonné d’avoir travaillé pendant 6 ans sur des dossiers en lien avec MSC en tant que haut fonctionnaire à Bercy.

« Une demande de quitter son poste avait été faite »

Seulement la justice se base sur des faits pour exclure tous les doutes. Il s’avère que sur la période 2008 – 2012 Alexis Kohler aurait participer à des votes qui concernent MSC aux conseils de surveillance du GPMH et de STX, sans se déporter. C’est pourtant là une procédure habituelle lorsqu’un fonctionnaire se trouve en situation avec un potentiel conflit d’intérêt.

Néanmoins et selon nos sources, Alexis Kohler aurait bien avertit ses supérieurs hiérarchiques, Bruno Bézard puis Jean-Dominique Comolli, de ses liens avec la famille Aponte, et ce de nombreuses fois. Il l’aurait fait verbalement puis par écrit, via une lettre datée du 5 novembre 2010. Autant dire que cela ne date pas d’aujourd’hui.

Nous avons pu consulter des extraits de l’audition de Jean-Dominique Comolli en février 2021. Il en ressort que celui-ci a bien été informé par Alexis Kohler de la situation « ambivalente » dans laquelle il se trouvait et qui présentait in fine des conflits d’intérêts. Cependant il lui a été demandé de continuer à siéger, aussi bien au Port du Havre que chez STX. « Il me demande de l’enlever de son poste », explique-t-il aux enquêteurs. « Il me dit qu’il l’a déjà demandé à Bruno Bézard ».

Un peu plus loin, Jean-Dominique Comolli se veut conciliant : « J’en déduis que la meilleure solution est de maintenir Alexis Kohler dans son poste d’administrateur. (…) Pour défendre les positions raisonnables de l’Etat, il nous faut quelqu’un de vigilant, de solide, de rigoureux. » 

Mais la résultante et qu’aujourd’hui, Alexis Kohler est mis en examen pour prise illégale d’intérêts depuis le 23 septembre dernier.