L’acquisition de BFMTV et RMC par CMA CGM soulève des questions, déclare un historien des médias : “La possession d’un tel conglomérat médiatique confère un levier de négociation avec le pouvoir”

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Vendredi, le milliardaire franco-libanais Rodolphe Saadé, propriétaire du groupe CMA CGM, a dévoilé la signature d’une promesse d’achat visant à acquérir Altice Media, la société mère de BFMTV et RMC

Selon Alexis Lévrier, historien des médias, la récente acquisition d’Altice Media par le géant français CMA CGM ouvre des perspectives intéressantes : “La détention d’un tel empire médiatique constitue un levier de négociation avec les autorités”, a-t-il déclaré vendredi 15 mars sur franceinfo. Le PDG de CMA CGM, Rodolphe Saadé, a conclu un accord de rachat pour 1,55 milliard d’euros.

“Outre la rentabilité potentielle, Rodolphe Saadé cherche à protéger les intérêts globaux du groupe”, explique Alexis Lévrier. “C’est une entité très puissante. Selon L’Obs, elle a réalisé 42 milliards d’euros de bénéfices en deux ans et n’a versé que 2 % d’impôts grâce à des mesures favorables de l’État”, ajoute-t-il.

Le paysage médiatique évolue avec l’émergence de nouveaux acteurs qui cherchent à établir des groupes médiatiques couvrant à la fois l’imprimé et l’audiovisuel. Parmi eux figurent, selon l’historien, des figures telles que Saadé, Daniel Kretinsky, et même Xavier Niel, qui envisage également d’étendre sa présence dans les médias audiovisuels.

Alexis Lévrier souligne la rapide progression de CMA CGM dans les médias, débutant avec des acquisitions dans la presse régionale, puis avec La Tribune. Le lancement de La Tribune dimanche fin 2023 visait à concurrencer des publications telles que le JDD. L’objectif de Saadé, selon l’expert, n’est pas seulement idéologique, mais également motivé par la rentabilité et la capacité à influencer le pouvoir politique.

Concernant BFMTV, Alexis Lévrier note une “crise d’identité” depuis la fin de l’ère Drahi, avec une tentative de rivaliser avec CNews, mais sans le même succès. Il prédit un recentrage sur l’identité originelle de BFMTV, bien que cela ne soit pas orienté vers la contestation du pouvoir.

Malgré ces développements, l’historien exprime une certaine inquiétude quant à l’impact de ces grands groupes médiatiques sur l’indépendance éditoriale. Il souligne la nécessité de surveiller de près leur respect de cette indépendance dans les mois et années à venir.

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