Neuf nouvelles accusations de violences sexuelles visant l’abbé Pierre dans un rapport accablant
Le troisième rapport du cabinet Egaé, mandaté par Emmaüs pour enquêter sur les agissements de l’abbé Pierre, a révélé neuf nouveaux témoignages, portant à 33 le nombre total d’accusations de violences sexuelles qui pèsent sur le prêtre, décédé en 2007. Ces faits se sont déroulés entre les années 1960 et 2000, principalement en France, mais également à l’étranger. Si la majorité des victimes sont des femmes, l’un des témoignages évoque un viol sur un garçon mineur.
Des récits de violences sexuelles multiples
Les récits des victimes sont divers et témoignent d’un large éventail de comportements répréhensibles. Danièle, 73 ans, a partagé son expérience d’agression lors d’une mission humanitaire en 1972 au Bangladesh, après un typhon et une guerre civile. Elle décrit des attouchements répétées ainsi qu’une scène de masturbation forcée. « Je n’étais pas consentante, j’étais sous une forme d’emprise », confie-t-elle dans le reportage de « Envoyé spécial ».
Parmi les nouveaux témoignages, un évoque un acte sexuel avec pénétration sur un mineur. Bien que la victime ait fourni des éléments vérifiables, elle a souhaité garder son anonymat. Un autre récit provient d’un membre de la famille de l’abbé Pierre, qui dénonce des contacts sexuels inappropriés à la fin des années 1990.
Un contexte de silence et de manipulation
Le rapport d’Egaé met également en lumière des victimes provenant de divers horizons : une membre de la famille de l’abbé Pierre, des hôtesses de l’air, des soignants dans des hôpitaux où il a été hospitalisé, ainsi que des bénévoles ayant participé à des missions humanitaires. Ces témoignages ont fait état de comportements inappropriés, allant de contacts physiques jusqu’à des tentatives de baisers forcés.
Les enquêteurs soulignent que ces témoignages, bien que nombreux, ne permettent pas de dresser un tableau complet des agissements de l’abbé Pierre. Le cabinet fait état d’autres témoignages, souvent anonymes ou incomplets, reçus pendant l’enquête. Ils ajoutent qu’un certain nombre de victimes ne se sont pas manifestées ou sont décédées, et que plusieurs nouvelles victimes sont encore à identifier.
Le rapport met en évidence des « mécanismes de mise sous silence », soulignant que de nombreuses victimes ont été menacées ou intimées au silence par l’abbé Pierre, par des comportements menaçants ou des paroles dissuasives. Plusieurs personnes ayant été témoins des agressions, sans oser témoigner elles-mêmes, affirment n’avoir pas été crues lorsqu’elles en ont parlé autour d’elles.
Les nouvelles révélations viennent s’ajouter à celles des rapports précédents de juillet et septembre 2024, qui avaient déjà choqué la société. Face à la gravité de ces faits, Emmaüs a pris la décision de renommer la fondation Abbé Pierre et de fermer le lieu de mémoire qui lui était dédié. La Fondation a également annoncé la mise en place d’une commission indépendante chargée d’enquêter sur les dysfonctionnements qui ont permis à l’abbé Pierre de commettre ces actes pendant plus de cinquante ans.
Caroline De Haas, cofondatrice du groupe Egaé, a exprimé sa conviction que seules une petite partie des agressions perpétrées par l’abbé Pierre ont été portées à la connaissance du public. Elle a décrit le degré de violence des faits comme étant « au-delà de l’entendement ». Alors que l’enquête continue, les victimes et les proches espèrent que la lumière sera enfin faite sur ces actes et que des mesures concrètes de réparation pourront être mises en place.