Évolutions militaires, débats sur les aides… la Russie est-elle en train de gagner la guerre en Ukraine ?

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Suite à l’échec de la contre-offensive de printemps, les forces ukrainiennes sont désormais en position défensive, en attendant des engagements d’aide de la part de l’Occident, alors que la Russie revendique des progrès qui demeurent toutefois limités

Les attaques se multiplient le long du front, menées par les forces russes qui revendiquent des avancées territoriales en Ukraine. Ces assauts surviennent à un moment où la pérennité du soutien militaire occidental à l’Ukraine est remise en question, tant aux États-Unis qu’au sein de l’Europe.

“Pour la première fois depuis son invasion de l’Ukraine le 24 février 2022, Vladimir Poutine semble être en mesure de remporter la guerre”, a écrit le magazine américain The Economist en une de son édition du 2 décembre. Après l’échec de la grande contre-offensive ukrainienne lancée au printemps dernier, les forces de Kiev semblent embourbées, alors que Moscou cherche à miner la confiance des alliés occidentaux dans la capacité de l’Ukraine à remporter la guerre.

Redéfinition de la Stratégie de Poutine au Moyen-Orient

La guerre à Gaza sert également les desseins de Vladimir Poutine en renforçant son influence au Moyen-Orient, où il se présente comme un artisan de la paix. En octobre, le président russe se félicitait des relations “très stables” avec Israël et des relations “amicales” avec la Palestine, selon Reuters. Depuis la chute de l’URSS, la diplomatie russe a établi des liens avec divers acteurs régionaux, des Saoudiens aux Iraniens, des Israéliens au Qatar, en passant par le Hamas et le Hezbollah, explique David Teurtrie, spécialiste de la géopolitique russe.

La stratégie de Moscou, héritée de l’époque des tsars, consiste à ne pas prendre parti mais à laisser les acteurs régionaux s’opposer entre eux, souligne Mark Katz, spécialiste américain de la politique étrangère russe, dans un article de Foreign Policy.

En tant que membre du Quartet pour le Moyen-Orient, la Russie est le seul État à dialoguer avec toutes les parties et à promouvoir une solution à deux États, alignée sur les positions des États-Unis et de l’Europe. Cependant, depuis le 7 octobre, la Russie a modifié sa position. Au Conseil de sécurité de l’ONU, Moscou a voté en faveur d’un cessez-le-feu. Vladimir Poutine a exprimé son indignation face à la souffrance des Palestiniens, comparant le blocus de Gaza par Israël au siège de Leningrad par l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, selon le magazine Time. De manière significative, des diplomates russes ont accueilli une délégation du Hamas, suscitant la colère d’Israël.

Diplomatie économique renforcée : Vladimir Poutine élargit ses liens

Depuis le 7 octobre, Moscou consolide ses relations avec ses partenaires traditionnels, donnant un nouvel élan à son rôle sur la scène internationale. Le 17 octobre, malgré un mandat d’arrêt international, Vladimir Poutine s’est rendu en Chine pour rencontrer le président Xi Jinping. La Chine demeure le premier partenaire commercial de la Russie, avec des échanges estimés à 190 milliards de dollars (environ 176 milliards d’euros) en 2022.

Cette visite marquait son premier déplacement majeur depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022. Lors de sa rencontre avec Xi Jinping, Poutine a soutenu les nouvelles routes de la soie, un projet ambitieux d’infrastructures terrestres et maritimes visant à relier l’Asie et l’Europe.

Par la suite, le président russe s’est rendu aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite. Ces visites visaient à discuter de la réduction de la production de pétrole au sein de l’Opep+, dont la Russie est membre. Les dirigeants ont également abordé des projets énergétiques communs, comme l’aspiration des Saoudiens à développer un parc nucléaire, où les Russes, par l’intermédiaire de leur entreprise Rosatom, souhaitent participer, explique Igor Delanoë.

Le 7 décembre, Vladimir Poutine a accueilli au Kremlin le président iranien Ebrahim Raïssi. Outre le soutien militaire de Téhéran à la Russie dans la guerre en Ukraine, les deux pays cherchent à développer un accord sur la création d’une zone de libre-échange entre l’Iran et l’Union économique eurasiatique, dirigée par Moscou.

“Comparée à la situation de Vladimir Poutine cet été, la confiance du président russe semble plus forte que jamais”, analyse James Nixey. “Alors que l’Occident reste divisé sur la guerre à Gaza, Poutine se prépare à une élection présidentielle qu’il est sûr de remporter, et il pourrait maintenir son pouvoir jusqu’en 2030…” Cependant, la durée de cette période demeure incertaine. La guerre en Ukraine persiste, et Kiev est loin de la capitulation. Les efforts diplomatiques russes pour un cessez-le-feu à Gaza se heurtent actuellement au veto des États-Unis à l’ONU, tandis qu’Israël manifeste sa volonté de poursuivre son offensive.

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