Des parlementaires défendent l’idée de supprimer un second jour férié dans le but de financer la branche autonomie de la Sécurité sociale. Cette proposition suscite un débat intense, alors que le ministre de l’Économie, Antoine Armand, la qualifie de « piste parmi d’autres »
La journée de solidarité et son rôle actuel
Lancée en 2004 après la canicule de 2003, la journée de solidarité permet de financer en partie l’autonomie des personnes âgées, en particulier les EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Les employeurs contribuent à hauteur de 0,3 % de leur masse salariale, et cette collecte génère environ 2,4 milliards d’euros chaque année. Toutefois, cette somme reste insuffisante par rapport aux besoins de financement de la branche autonomie, qui a enregistré 41,8 milliards d’euros de recettes en 2023.
La proposition d’une seconde journée de solidarité
L’idée d’ajouter une seconde journée de solidarité a récemment été relancée par plusieurs parlementaires, notamment au Sénat. Cette proposition vise à augmenter les financements alloués aux établissements médico-sociaux. Bien que cette initiative soit soutenue par certains, elle suscite de vives critiques. Le rapporteur du projet, Laurent Vachey, avait déjà souligné, dans un rapport de 2019, les risques d’impact négatif sur l’économie et l’emploi.
Les oppositions à la mesure
Les syndicats et certains parlementaires expriment des réserves sur la proposition. La sénatrice écologiste Anne Souyris critique le fait que cette contribution supplémentaire ne concernerait que les travailleurs, tout en excluant d’autres sources de financement, telles que les dividendes ou les revenus financiers. D’autres, comme la CGT, soulignent que les salariés ont déjà été sollicités par plusieurs réformes sociales ces dernières années, et estiment qu’il est injuste d’imposer une nouvelle charge.
Une ouverture au dialogue gouvernemental
Le gouvernement, bien que n’ayant pas présenté officiellement cette proposition, semble ouvert à la discussion. Le ministre du Budget, Laurent de Saint-Martin, a exprimé sa volonté de débattre de la question au sein du Parlement, en soulignant que toute mesure permettant de renforcer l’effort de solidarité serait dans le bon sens. Pour sa part, Antoine Armand a qualifié l’idée de « très intéressante », mais reste prudent, précisant qu’il s’agirait d’une « piste parmi d’autres ».
Le contexte des jours fériés en France
Actuellement, les Français bénéficient de 11 jours fériés, un nombre relativement élevé comparé aux autres pays européens. Toutefois, aucun jour férié précis n’est visé par la proposition de suppression. Certaines dates, comme le 11 novembre, sont considérées comme intouchables. L’association Souvenir Français, par exemple, a déjà exprimé son opposition à toute remise en cause de cette date symbolique.
Les enjeux économiques et politiques de la proposition
La question de la suppression d’un jour férié est délicate sur le plan politique, en particulier en raison de l’attachement des Français à ces jours de congé. Si certains économistes estiment qu’une telle mesure pourrait avoir un impact économique modéré pour les entreprises, elle pourrait néanmoins entraîner une certaine résistance. Le sociologue Jean Viard souligne que, bien que cela puisse être une solution moins douloureuse que des hausses de cotisations sociales ou d’impôts, le risque de mécontentement reste important.
Bien que la proposition de supprimer un jour férié pour financer la branche autonomie fasse son chemin, elle soulève des interrogations légitimes et pourrait difficilement passer sans un large débat. Le gouvernement semble attentif à ces questions, mais la mise en œuvre d’une telle mesure ne semble pas encore acquise.