Jean-François Kahn, figure majeure du journalisme, s’est éteint à 86 ans

Jean-François Kahn, journaliste, essayiste et fondateur de L’Événement du Jeudi et de Marianne, est décédé mercredi 22 janvier à l’âge de 86 ans, a annoncé son entourage à l’AFP d’après une information de nos confrères Le Point. Cette figure emblématique de la presse française laisse derrière lui une carrière marquée par sa créativité, son audace et son engagement intellectuel.

Un parcours riche et engagé
Fils du philosophe Jean Kahn, Jean-François Kahn débute comme enseignant avant de se tourner vers le journalisme, qu’il qualifie lui-même de “refuge”. Très jeune, il rejoint Paris-Presse, où il couvre notamment la guerre d’Algérie et révèle l’affaire Ben Barka, l’enlèvement de l’opposant marocain en plein Paris en 1965. Au fil de sa carrière, il collabore avec L’Express, Le Monde, Europe 1, Les Nouvelles Littéraires ou encore Le Quotidien de Paris.

En 1984, il fonde L’Événement du Jeudi, un magazine novateur dont il confie une partie du capital à ses lecteurs. Le succès est au rendez-vous, mais le titre disparaît en 2001 après plusieurs tentatives de relance. En 1997, il crée Marianne, un hebdomadaire engagé qu’il dirige jusqu’en 2007.

Un homme aux convictions fortes
Polémiste engagé, Jean-François Kahn défendait ce qu’il appelait le “centrisme révolutionnaire”. Il avait soutenu François Bayrou lors des campagnes présidentielles de 2007 et 2012, affirmant qu’il incarnait “l’homme dont la France avait besoin”. En 2009, il se présente aux élections européennes sur une liste MoDem, mais démissionne peu après son élection pour revenir à sa passion : la presse et le débat public.

Connu pour son franc-parler, il n’a jamais hésité à prendre des positions tranchées, quitte à susciter la controverse. En 2011, après des propos maladroits sur l’affaire Strauss-Kahn, il décide de “tourner la page” du journalisme, mettant fin à une carrière de 50 ans.

Hommages à un géant de la presse
Sa mort a suscité de nombreuses réactions. François Bayrou a salué “un géant et un homme rare” sur le réseau social X, rappelant “l’incroyable créativité et l’audace” qui l’ont poussé à fonder des “journaux-époque” comme L’Événement du Jeudi et Marianne.

Selon Le Point, Jean-François Kahn était “un peu marxiste, un peu chrétien, un peu juif, un peu de gauche, un peu libéral, finalement au centre, là où il n’a jamais été plus lui-même”.

Jean-François Kahn était également le frère du chimiste Olivier Kahn, disparu en 1999, et du généticien Axel Kahn, mort en 2021. Homme de débats et d’idées, il laisse une empreinte durable dans le paysage médiatique français.