Ce couple légendaire des années 1970 a donné naissance à certains des titres les plus emblématiques de la chanson française, immortalisés par Jane Birkin tout au long de sa carrière.
Leur collaboration a engendré des classiques intemporels de la musique française. Jane Birkin, décédée à l’âge de 76 ans à Paris ce dimanche, est restée toute sa vie l’incarnation de la muse de Serge Gainsbourg, bien après la disparition de ce dernier en 1991.
D’abord comédienne, c’est avec Serge Gainsbourg que la jeune Britannique s’est aventurée dans le domaine musical. Ensemble, ils ont créé six albums, regorgeant de tubes qui ont marqué des générations et que Jane Birkin a continué à interpréter tout au long de sa vie.
Une rencontre difficile, entre insolence, timidité et amour
Leur rencontre s’est produite dans le monde du cinéma en 1968, alors que Jane Birkin, âgée de seulement 22 ans, avait déjà fait une entrée remarquée grâce à son rôle dans le film « Blow Up » de Michelangelo Antonioni, lauréat de la Palme d’or au Festival de Cannes en 1967.
Après une récente séparation avec le compositeur anglais John Barry, avec qui elle avait eu une fille prénommée Kate, Jane Birkin est repérée par le réalisateur français Pierre Grimblat. Il la choisit pour son film « Slogan » malgré ses lacunes en français, et elle le suit à Paris pour le tournage. Serge Gainsbourg, qui joue le rôle principal, s’attendait à être aux côtés de la célèbre mannequin américaine Marisa Berenson.
Cependant, sa rencontre avec Jane Birkin sur le plateau s’avère difficile. Il se montre odieux et l’atmosphère se détériore : « La première semaine, elle pleurait tous les soirs dans sa loge en criant : ‘C’est un salaud, un salaud !' », se souvient Pierre Grimblat.
Mais tout change lors d’un dîner chez Régine. Pierre Grimblat a l’idée de les inviter à dîner dans un restaurant chic de Paris, puis de les laisser en plan pour qu’ils puissent enfin régler leurs différends lors d’un tête-à-tête forcé.
Cette soirée est un tournant. Serge Gainsbourg se détend et change d’avis sur Jane Birkin : « Je ne la trouvais pas terrible, mais j’ai changé d’avis », admet-il. « En une seule soirée, son caractère a radicalement changé et je suis tombé amoureux d’elle. J’ai compris que son arrogance cachait en réalité de la timidité. Finalement, c’était un homme charmant, drôle et attentionné », raconte Jane.
Leur histoire d’amour s’épanouit et ils emménagent ensemble rue de Verneuil à Paris. Leur fille, Charlotte, naît en 1971. Parallèlement, ils construisent leur collaboration artistique. En 1969, leur premier album commun, « Jane Birkin – Serge Gainsbourg », voit le jour, alternant leurs interprétations. Le premier titre de l’album, le sulfureux duo « Je t’aime… moi non plus », devient un succès mondial teinté de scandale.
Entre provocation et génie « marketing »
À l’origine, cette chanson était écrite par Serge Gainsbourg pour un duo avec Brigitte Bardot lors de leur liaison. Cependant, du fait du mariage de l’actrice avec Gunther Sachs, un playboy allemand, le titre, aux connotations sexuelles explicites, enregistré en 1967, est mis de côté. Cela ouvre la voie à une nouvelle version avec Jane Birkin. Cette chanson ponctuée de gémissements amoureux sera condamnée par le Vatican.
Quatre ans plus tard, sort l’album « Di Doo Dah », écrit par Serge Gainsbourg avec la collaboration ponctuelle de Jean-Claude Vannier. Cette fois, Jane Birkin est la seule protagoniste. Elle interprète tous les titres de l’album, dont celui qui lui donne son nom.
Cette chanson consolide la marque vocale de Jane Birkin avec un refrain-ritournelle qui reste gravé dans les mémoires. Elle puise son inspiration dans les complexes qu’éprouvait la jeune Jane lorsqu’elle était en pensionnat en Angleterre.
« Les autres filles ont de beaux seins / Et moi, je reste aussi plate qu’un garçon / C’est ridicule », chante-t-elle.
À l’époque, la silhouette filiforme de Jane Birkin est en couverture des magazines et elle est considérée comme un sex-symbol.
Les albums à succès et les tubes s’enchaînent, notamment avec l’album « Ex-fan des sixties » et son morceau éponyme sortis en 1978. Malgré leur idylle qui ne dure que deux années supplémentaires, leur collaboration perdure.
En 1980, Jane Birkin met fin à sa relation avec son compagnon, englouti par l’alcool. « Elle m’a largué et j’en avais bien besoin, moi qui lui pourrissais la vie », avoue-t-il dans Les Inrocks en 1987.
Un « love-story » version « Show-biz »
De chansons d’amour en chansons de rupture, trois ans après cette séparation, sort l’album « Baby Alone in Babylone » comprenant la chanson « Les Dessous chics », toujours écrite par son ex-compagnon. Cette chanson occupe une place particulière dans le cœur de la chanteuse :
« C’est la plus belle chanson sur la séparation que l’on puisse trouver », confie Jane Birkin à l’AFP. « C’est probablement ma préférée, car tout ce qu’elle contient vient vraiment de lui. »
« Il y a une grande pudeur dans toutes les chansons qu’il a écrites sur la séparation. Serge n’a jamais cessé de m’en écrire jusqu’à la fin », ajoute-t-elle.
En 1990, l’album « Amours des feintes » est publié, ultime cadeau de Serge Gainsbourg à Jane Birkin. Le musicien décède l’année suivante. Cependant, l’héritage musical qu’ils ont créé continue d’accompagner Jane Birkin tout au long de sa vie.
En plus de l’album « Versions Jane » (1996), où elle reprend des chansons de son ancien compagnon, elle sort en 2017 un album de reprises de ses chansons accompagnée d’un orchestre symphonique. Elle défend ces nouvelles versions lors d’une tournée qui la mène notamment à
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