Le voilier humanitaire intercepté par Israël : tensions autour de l’arrestation de Rima Hassan et Greta Thunberg

Le voilier Madleen, affrété par l’organisation Freedom Flotilla Coalition pour acheminer de l’aide humanitaire à Gaza, a été intercepté dans la nuit du 8 au 9 juin par l’armée israélienne alors qu’il approchait des côtes de l’enclave palestinienne. À son bord : douze militants venus de plusieurs pays européens, dont l’eurodéputée française Rima Hassan, la militante écologiste Greta Thunberg et l’acteur irlandais Liam Cunningham.

Parti le 1er juin de Catane, en Sicile, avec une escale en Égypte, le navire avait pour objectif affiché de “briser le blocus” imposé à Gaza. Il transportait une quantité modeste d’aide humanitaire, selon Israël, qui qualifie l’opération de “provocation médiatique” menée par des “célébrités en quête de publicité”.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a confirmé que le voilier avait été dérouté “en toute sécurité vers les côtes d’Israël”, précisant que les passagers seraient renvoyés dans leurs pays d’origine. Une vidéo enregistrée par l’équipage avant l’interception avertissait : “Si vous voyez cette vidéo, c’est que nous avons été interceptés soit par l’État d’Israël, soit par des forces complices.”

Dénonciations internationales et appels à la mobilisation

L’interception a provoqué une onde de choc dans plusieurs capitales européennes. La Freedom Flotilla Coalition dénonce une “violation manifeste du droit international”, affirmant que l’arraisonnement a eu lieu dans les eaux internationales. Une version soutenue par La France insoumise, les Écologistes et plusieurs élus européens.

“Ce que vient de faire le gouvernement israélien est illégal à plusieurs égards”, a déclaré l’eurodéputée LFI Manon Aubry, évoquant également l’immunité parlementaire de Rima Hassan. Elle a interpellé Emmanuel Macron et les autorités européennes pour qu’ils exigent “la libération immédiate de l’équipage”.

Jean-Luc Mélenchon a appelé à des “mobilisations partout en France”, dénonçant une “arrestation illégale”. Marine Tondelier, cheffe des Écologistes, a elle aussi réclamé une mobilisation populaire internationale, jugeant que “les militants ne seront protégés que par la pression des peuples”.

Un rassemblement est notamment prévu place de la République à Paris, ce lundi à 18 heures.

Contexte de guerre et tensions persistantes

Israël justifie cette opération par des raisons de sécurité et affirme que l’aide humanitaire “authentique” transite déjà par ses propres canaux : plus de 1 200 camions seraient entrés à Gaza ces deux dernières semaines. Le ministère précise que l’aide non consommée à bord du Madleen sera redirigée vers Gaza “par des voies appropriées”.

La situation humanitaire dans la bande de Gaza reste catastrophique. Selon l’Organisation mondiale de la santé, le système de santé est au bord de l’effondrement, et il ne resterait plus aucun hôpital opérationnel dans le nord du territoire.

La guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par l’attaque du 7 octobre 2023, a déjà causé la mort de plus de 1 218 personnes côté israélien, en majorité des civils, et plus de 54 772 Palestiniens, selon le ministère de la Santé du Hamas, des chiffres jugés crédibles par l’ONU.