Hommage à Hichem Miraoui : une marche blanche émouvante à Puget-sur-Argens après un assassinat à caractère raciste

Plus de 2.000 personnes ont participé, dimanche 8 juin, à deux marches blanches organisées à Marseille et Puget-sur-Argens (Var) en mémoire d’Hichem Miraoui, tué le 31 mai par un voisin. Un crime qualifié d’assassinat terroriste en raison de l’origine par le parquet antiterroriste, qui s’est saisi de l’affaire.

À Puget-sur-Argens, où résidait la victime, 1.600 personnes ont défilé dans le calme, du salon de coiffure où travaillait Hichem jusqu’à la mairie. En tête du cortège, une banderole sobre : “Repose en paix Hichem, un enfant au grand cœur adopté par le village”. Sur la vitrine de l’établissement, transformée en mémorial, des dizaines de messages témoignaient de l’attachement des habitants : “Nous ne t’oublierons pas”, “Ton sourire chaque jour me manquera”, pouvait-on y lire.

Un homme apprécié de tous

Hichem Miraoui, 46 ans, était une figure bien connue du quartier. Décrit comme doux, généreux, toujours prêt à aider, il n’hésitait pas à offrir des coupes gratuites aux clients en difficulté. “C’était un homme sans histoires, toujours prêt à rendre service”, témoigne Mickaël, un voisin. Antoine, un autre habitant, se souvient de son sourire : “Il me lançait toujours ‘eh tonton !’, c’était quelqu’un de lumineux.”

Le suspect, Christophe B., un ancien légionnaire de 53 ans, a reconnu les faits tout en contestant leur caractère raciste. Le soir du 31 mai, il aurait tiré sur Hichem depuis son véhicule, blessant également un autre voisin. Des vidéos à caractère raciste publiées avant et après les faits ont conduit le parquet national antiterroriste à retenir le mobile idéologique. L’homme a été mis en examen et placé en détention.

Colère sourde et hommage silencieux

Malgré une volonté clairement affichée par les organisateurs de rester apolitiques, la marche a parfois laissé place à l’émotion et à la colère. Majid Ellili, proche de la victime et employé municipal, a insisté sur l’importance du recueillement : “Ce moment est pour Hichem, pas pour faire de la politique. Mais la révolte est là.” Fathia, une habitante, déplore : “Tout le monde savait que cet homme était raciste, et pourtant, rien n’a été fait.”

Un bref incident a émaillé le cortège lorsque le député LFI Sébastien Delogu est apparu avec son écharpe tricolore. Pris à partie, il a finalement retiré son écharpe et été applaudi.

Plus tôt dans la journée, 450 personnes s’étaient également rassemblées à Marseille derrière une banderole : “Le racisme a de nouveau tué. Justice pour Hichem”. Mouna Miraoui, cousine de la victime, s’est exprimée avec émotion : “On a tué un homme, pas une religion, pas une nationalité. C’était un être humain, profondément intégré ici.”

L’avocat de la famille, Me Sefen Guez Guez, a dénoncé un “racisme d’atmosphère”, appelant à tirer “toutes les responsabilités, jusqu’au sommet de l’État”.