Hommage à Aboubakar Cissé : une minute de silence à l’Assemblée nationale dans un climat de tension politique

Mardi 29 avril, une minute de silence a été observée dans l’hémicycle du Palais Bourbon en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs coups de couteau vendredi dernier dans une mosquée de La Grand-Combe, dans le Gard. Ce geste symbolique, décidé in extremis, a été marqué par une vive controverse au sein de l’Assemblée nationale.

Un hommage annoncé à la dernière minute

À l’ouverture de la séance des questions au gouvernement, les députés se sont levés pour se recueillir. La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a rappelé que ce crime « lâche » avait bouleversé la Nation, appelant à « réaffirmer avec force et dignité l’unité du pays ».

La décision d’organiser cet hommage n’a pas été immédiate. Le matin même, lors de la conférence des présidents, la demande formulée par le Nouveau Front populaire s’était heurtée à la règle en vigueur depuis janvier, selon laquelle les minutes de silence ne sont accordées qu’en cas de consensus entre tous les présidents de groupe. Une règle invoquée dans un premier temps par la présidente, avant qu’elle ne revienne sur sa position.

Vives tensions entre majorité et opposition

Dans un message publié sur le réseau X peu avant 15 heures, Yaël Braun-Pivet annonçait finalement la tenue de ce moment de recueillement, en dépit des désaccords exprimés, notamment du côté du Rassemblement national. Elle justifiait son revirement par « l’émotion légitime » suscitée par ce drame et la nécessité de répondre « sobrement et dignement » à ce qu’elle a qualifié d’« ignoble instrumentalisation » du meurtre.

L’initiative, saluée par les groupes de gauche, a néanmoins révélé les tensions politiques autour de la reconnaissance de cet acte perçu par certains comme islamophobe. Marine Le Pen aurait mis en garde contre une récupération politique de l’hommage, tout en rappelant le respect des règles de fonctionnement de l’Assemblée.

Une commémoration qui relance les débats sur les hommages publics

Au-delà des clivages, ce moment de silence a souligné l’impact national d’un drame survenu dans un lieu de culte et a ravivé les débats sur la manière dont la République honore ses morts face à la violence. La controverse autour de cet hommage illustre les lignes de fracture qui traversent aujourd’hui l’hémicycle sur les questions mémorielles et symboliques.