Herbert Léonard : la voix d’un crooner qui s’éteint à 80 ans

Herbert Léonard, figure emblématique de la chanson française des années 80, s’est éteint ce dimanche 2 mars à l’âge de 80 ans, des suites d’un cancer du poumon. Son épouse, Cléo Léonard, a annoncé son décès survenu à 18 heures à l’hôpital de Fontainebleau, en Seine-et-Marne. “Il luttait depuis quelque temps contre la maladie”, a-t-elle confié à l’AFP.

Né Hubert Lœnhard à Strasbourg le 25 février 1945, il découvre sa passion pour la musique à l’adolescence, bercé par les voix d’Otis Redding et Chuck Berry. Guitariste des Lionceaux, il est repéré par Lee Hallyday, qui lui trouve son nom de scène et l’oriente vers des reprises de rhythm’n blues en français. Mais sa carrière vacille après un grave accident de voiture en 1969, qui le tient éloigné de la scène pendant plus d’un an.

Un retour flamboyant grâce à “Pour le plaisir”

C’est en 1981 que le destin bascule à nouveau : Vline Buggy, parolière, lui propose d’enregistrer “Pour le plaisir”, une chanson composée par Julien Lepers. Le succès est instantané. Plus de 2,5 millions d’exemplaires vendus, une ascension fulgurante et l’image d’un crooner au charisme indéniable. Ses tubes s’enchaînent : “Amoureux fou”, “Quand tu m’aimes”, “Sur des musiques érotiques”, et même “Puissance et gloire”, le générique de la série télévisée Châteauvallon.

Avec sa nuque longue, ses épaules surdimensionnées et sa cigarette emblématique, Herbert Léonard devient une icône d’une époque où l’amour se chantait avec passion. “J’aime les textes qui ne sont pas de la poésie prise de tête”, affirmait-il, assumant des paroles parfois sensuelles et un style sans compromis.

Une carrière marquée par la résilience

Sa trajectoire n’a pourtant rien d’un long fleuve tranquille. En 1973, il met la musique en pause et devient journaliste spécialisé en aviation. Il publie plusieurs ouvrages sur les chasseurs soviétiques, une autre de ses grandes passions. Mais la scène finit toujours par le rattraper : en 1999, il incarne Frollo dans la comédie musicale Notre Dame de Paris, remplaçant Daniel Lavoie après six mois d’auditions.

Dans les années 2000, il rejoint les tournées “Âge tendre et têtes de bois”, retrouvant avec bonheur son public fidèle. En 2014, il revient à ses racines avec l’album “Demi-tour”, un retour au rhythm’n blues qui avait forgé ses débuts.

Un amour indéfectible et des adieux poignants

Herbert Léonard partage sa vie avec Cléo, rencontrée en 1967 et épousée en 2004, après 37 ans de vie commune. Ensemble, ils auront une fille, Elea. Malgré les épreuves, notamment une embolie pulmonaire en 2017, il continuait de se livrer avec sincérité sur son parcours. “Si c’était ton dernier album, tu ferais quoi ? Du rhythm’n blues !”, confiait-il, conscient de l’imminence du crépuscule.

Dimanche soir, sa voix s’est tue, mais son héritage musical, lui, résonnera encore longtemps. “En chantant l’amour avec passion, il a marqué toute une génération”, a salué la ministre de la Culture, Rachida Dati. Herbert Léonard laisse derrière lui des mélodies intemporelles et l’image d’un artiste qui n’a jamais cessé de suivre son cœur.

Adieu l’artiste, et merci pour le plaisir.