Glyphosate : Les raisons derrière la proposition de la Commission européenne visant à étendre son autorisation de dix ans supplémentaires

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L’herbicide pourrait obtenir une autorisation jusqu’au 15 décembre 2033, sous réserve de l’approbation des Vingt-Sept lors d’un vote prévu mi-octobre. Cependant, cette approbation pourrait être réexaminée en cas de nouvelles évaluations de la sécurité de ce produit

À l’approche de l’expiration de l’autorisation du glyphosate mi-décembre, la Commission européenne a émis une proposition aux États membres visant à renouveler l’autorisation de cet herbicide controversé au sein de l’UE pour une période de dix ans. Le glyphosate est une substance présente notamment dans des produits tels que le Roundup, développé par le groupe Monsanto. Cette proposition, rendue publique sur le site internet de la Commission, fera l’objet de discussions lors d’une réunion technique à Bruxelles le vendredi 22 septembre, avant d’être soumise au vote le 13 octobre.

L’autorisation actuelle du glyphosate au sein de l’Union européenne, qui avait été prolongée d’un an en 2017 en attendant une évaluation scientifique de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), devait expirer le 15 décembre 2022. Cependant, l’EFSA, dans un avis publié en juillet 2023, a déclaré qu’elle n’avait pas identifié de « domaine de préoccupation critique » concernant les êtres humains, les animaux et l’environnement, qui pourrait justifier le rejet de l’autorisation de l’herbicide.

En conséquence, la Commission propose d’autoriser le glyphosate jusqu’au 15 décembre 2033, soit une durée deux fois plus longue que l’autorisation précédente, mais en deçà de la période initialement prévue de 15 ans. Cette autorisation pourrait cependant être révisée à tout moment si de nouvelles évaluations le justifiaient.

Afin de minimiser les risques pour la santé, la Commission européenne recommande également la mise en place de mesures de sécurité telles que des « bandes tampons » de cinq à dix mètres et l’utilisation d’équipements visant à réduire les « dérives de pulvérisation ». De plus, l’utilisation du glyphosate pour la dessiccation (épandage pour sécher une culture avant récolte) est désormais interdite. La Commission encourage également les États membres à surveiller les autres composants présents dans les herbicides à base de glyphosate commercialisés dans leur pays afin de réduire les risques liés à l’effet combiné de certains produits.

En ce qui concerne les positions des différents pays membres de l’UE, il semble peu probable que la France s’oppose à cette prolongation, car le gouvernement français s’est engagé à limiter l’utilisation du glyphosate aux seuls cas pour lesquels il n’existe pas d’alternative viable. En revanche, l’Allemagne pourrait voter contre la prolongation, conformément à l’accord de la coalition au pouvoir qui prévoit l’interdiction du glyphosate sur le sol allemand dès 2024. Bien que l’Union européenne ne semble pas s’opposer au renouvellement de l’autorisation du pesticide, certains États pourraient demander des révisions quant à sa durée ou à ses conditions, comme le réclame l’ONG Générations futures, qui plaide en faveur de l’interdiction du pesticide.

En France, des restrictions ont déjà été mises en place après un avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) publié en 2020, qui visait à déterminer les usages pour lesquels le glyphosate pouvait être remplacé par des alternatives non chimiques. Cela a conduit à l’interdiction de plusieurs produits à base de glyphosate lorsque d’autres options viables étaient disponibles. Environ un tiers des agriculteurs en France ont volontairement abandonné l’utilisation du glyphosate, optant plutôt pour des techniques telles que la pose de bâches pour empêcher la croissance des mauvaises herbes ou le désherbage mécanique. Toutefois, ces méthodes sont plus coûteuses en temps et en main-d’œuvre, ce qui constitue un désavantage sur le plan économique, d’autant plus en l’absence de réglementations uniformes dans tous les pays de l’UE.

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