Une flottille humanitaire sous haute tension à l’approche de Gaza

Le voilier Madleen, affrété par la Coalition de la flottille pour la liberté, suscite de vives tensions à mesure qu’il se rapproche de la bande de Gaza. Parti le 1er juin de Catane, en Sicile, ce navire transporte une douzaine de militants venus de plusieurs pays européens et sud-américains, parmi lesquels la militante écologiste suédoise Greta Thunberg, l’eurodéputée française Rima Hassan, la militante allemande Yasemin Acar, ainsi que l’acteur irlandais Liam Cunningham. Objectif déclaré : acheminer une aide humanitaire et “briser le blocus israélien” imposé à l’enclave palestinienne depuis des années.

Samedi, l’équipage annonçait avoir atteint les côtes égyptiennes, se disant en passe d’entrer dans les eaux territoriales de Gaza. Selon les organisateurs, la progression du Madleen peut être suivie en direct. À 15h dimanche, il restait quelque 165 miles nautiques (305 km) à parcourir avant d’atteindre sa destination.

Une riposte ferme d’Israël

Tel-Aviv a immédiatement réagi. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé dimanche 8 juin avoir donné l’ordre à l’armée d’empêcher le voilier d’approcher de Gaza. Dans un communiqué au ton particulièrement virulent, il accuse les passagers d’être “les porte-voix de la propagande du Hamas” et qualifie Greta Thunberg “d’antisémite”. “À ceux qui tentent de briser le blocus maritime, je dis clairement : faites demi-tour, vous n’arriverez pas à Gaza”, a-t-il déclaré, affirmant que l’État hébreu “n’autorisera aucune tentative de soutenir une organisation terroriste, par mer, par air ou par terre”.

Pour Israël, ce blocus vise à empêcher l’acheminement d’armes au Hamas, mouvement islamiste considéré comme terroriste par l’Union européenne et les États-Unis. Il intervient dans un contexte toujours marqué par la guerre déclenchée le 7 octobre 2023, après l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien ayant fait 1 218 morts, majoritairement civils. Selon l’armée israélienne, 55 otages sont toujours retenus à Gaza, dont au moins 31 seraient morts. En réponse, la campagne militaire israélienne a causé la mort de plus de 54 700 Palestiniens, principalement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, chiffres jugés crédibles par l’ONU.

Un écho politique jusqu’à Paris

La présence à bord du Madleen de personnalités publiques a fait réagir jusqu’en France. Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, a exhorté le gouvernement français à “prendre ses responsabilités”. Sur X, il a appelé la marine nationale à “faire respecter le droit international” face à ce qu’il considère comme une menace directe pour les ressortissants français présents à bord.

À quelques heures d’un possible face-à-face en mer, la flottille cristallise un peu plus les lignes de fracture du conflit israélo-palestinien, entre volonté d’assistance humanitaire et impératifs de sécurité nationale.