Déclaration de politique générale de François Bayrou : les grands chantiers dévoilés
Ce mardi 14 janvier, François Bayrou, Premier ministre, a prononcé sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Dans un contexte politique délicat, marqué par l’absence de majorité absolue et le renversement récent du gouvernement précédent, le chef du gouvernement a présenté les priorités et réformes phares de son mandat.
Une dette alarmante et des efforts budgétaires inévitables
François Bayrou a débuté son discours par un constat préoccupant : la dette publique française, atteignant 3 228 milliards d’euros, constitue une véritable « épée de Damoclès au-dessus de notre pays et de notre modèle social ». Afin de répondre à cette situation, il a insisté sur la nécessité de redéfinir les budgets et annoncé la création d’un fonds spécial dédié à la réforme de l’État, financé par la cession d’actifs publics, notamment immobiliers.
Ce fonds vise à soutenir des investissements stratégiques, comme le déploiement de l’intelligence artificielle dans les services publics, tout en renforçant l’objectif de réduction du déficit public, fixé à 3 % d’ici 2029.
Réforme des retraites : un chantier relancé
Sur le dossier explosif des retraites, François Bayrou a annoncé une « remise en chantier » immédiate, en partenariat avec les acteurs sociaux. Une délégation permanente sera constituée pour travailler sur une réforme plus juste et équilibrée. Si aucun consensus n’émerge, la réforme actuelle, avec un âge de départ fixé à 64 ans, restera en vigueur. Pour garantir la transparence, une mission flash de la Cour des comptes fournira des données fiables sur le système des retraites.
Simplification administrative : un enjeu clé
François Bayrou a dénoncé le poids excessif de la bureaucratie française, qui représente, selon lui, un coût de 4 % du PIB par an. Il a plaidé pour un mouvement de simplification des normes et proposé d’inverser la charge administrative : l’administration devra désormais remplir les documents, laissant aux usagers le soin de les vérifier. Cette simplification s’accompagne d’une volonté d’adopter rapidement une loi facilitant la vie économique.
Proportionnelle et réforme démocratique
Le Premier ministre a réaffirmé son engagement en faveur de l’introduction de la proportionnelle dans les élections législatives. Il a également proposé la création d’une « banque de la démocratie », destinée à garantir un financement public et transparent des partis politiques et des campagnes, pour éviter toute dépendance aux banques privées. Par ailleurs, il a suggéré de rouvrir le débat sur le cumul des mandats, une mesure controversée mais qu’il estime nécessaire pour renforcer l’ancrage territorial des élus.
Immigration : une politique de régulation renforcée
François Bayrou a exprimé sa « conviction profonde » que l’immigration est une question de proportions, illustrant son propos par des exemples concrets. Il a annoncé la réactivation du comité interministériel de contrôle de l’immigration et une meilleure utilisation de l’aide au développement pour faciliter les retours dans les pays d’origine. Il a également dénoncé le faible taux d’exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF).
Santé, éducation et enjeux sociaux
- Santé mentale : Désignée grande cause nationale de 2025, avec une hausse significative de l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam) pour améliorer les conditions des soignants et protéger les plus fragiles.
- Éducation : Critiquant l’orientation précoce des élèves, François Bayrou a remis en question la plateforme Parcoursup et proposé l’introduction d’une « année d’articulation » entre l’enseignement secondaire et supérieur.
- Logement : Le Premier ministre a évoqué une réforme ambitieuse pour repenser la politique du logement, sans encore en détailler les contours.
Environnement et transition énergétique
François Bayrou a réaffirmé l’importance de l’énergie nucléaire comme pilier de la transition écologique, tout en annonçant une grande conférence nationale sur la gestion de l’eau et la poursuite du plan vélo. Selon lui, « l’écologie n’est pas un problème, mais une solution ».
Les cahiers de doléances et la crise des « gilets jaunes »
Le chef du gouvernement a également souhaité reprendre l’étude des cahiers de doléances rédigés lors du mouvement des gilets jaunes. Il s’agit, selon lui, de répondre aux attentes souvent ignorées des milieux sociaux exclus du pouvoir.
Nouvelle-Calédonie : des négociations accélérées
Enfin, sur le dossier néo-calédonien, François Bayrou a annoncé l’ouverture de négociations avec les forces politiques dès la fin janvier. Ces discussions devront aboutir d’ici la fin du trimestre, afin de stabiliser la situation institutionnelle de l’archipel.
Face à une Assemblée nationale dissipée, François Bayrou s’est montré déterminé à relever les défis économiques, sociaux et écologiques du pays. Bien que son gouvernement ne dispose pas d’une majorité absolue, il compte sur la coopération des partenaires sociaux et des forces politiques pour mener à bien les réformes annoncées. Une motion de censure déposée par La France insoumise sera mise au vote cette semaine, testant la stabilité de l’exécutif.