France : les premières images de Iseult, le plus puissant IRM du monde, sont révélées

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Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) a présenté ce mardi 2 avril les premières images de l’IRM Iseult. Conçu pour être bien plus puissant qu’un IRM classique, cet appareil vise à améliorer la compréhension du fonctionnement du cerveau

Emmanuel Macron a salué cette avancée comme une « fierté française ». L’IRM, qualifié de « plus puissant du monde », a révélé ses premières images du cerveau humain près de Paris, selon une annonce du CEA Paris-Saclay, un centre de recherche.

Baptisé « Iseult », cet IRM est l’élément phare de Neurospin, le centre de recherche sur l’imagerie cérébrale du CEA dirigé par le neuroscientifique Stanislas Dehaene. Son objectif est d’approfondir la compréhension du fonctionnement cérébral ainsi que celui de certaines maladies neurodégénératives ou psychiatriques.

Approfondir la compréhension du fonctionnement du cerveau humain a été l’objectif initial des chercheurs. Dans une première phase d’expérimentation, ils ont placé des potimarrons à l’intérieur de Iseult. Ce n’est que récemment, avec la participation d’une vingtaine de volontaires, que des essais sur le cerveau humain ont été réalisés à l’intérieur de cet appareil colossal, mesurant cinq mètres de long et pesant 132 tonnes. Les chercheurs ont ainsi pu confirmer l’innocuité du champ magnétique sur la santé.

Cette avancée ouvre la voie à une meilleure compréhension des maladies neurodégénératives telles que Parkinson et Alzheimer, ainsi qu’à une amélioration de la compréhension des maladies psychiatriques. Par exemple, le lithium, utilisé comme médicament pour traiter la schizophrénie et le trouble bipolaire, reste encore mal compris dans son mode d’action. Grâce à la sensibilité inégalée de Iseult, les chercheurs pourront explorer plus en profondeur la distribution de cet agent pour mieux comprendre son rôle. Les observations débuteront d’abord avec des patients en bonne santé, avant de s’étendre, dans quelques années, à l’étude des cerveaux de patients atteints de ces maladies.

Ce projet titanesque a nécessité plus de deux décennies de recherche pour voir le jour

Le dispositif, composé d’un aimant de 132 tonnes logé dans un cylindre de 5 mètres de long et de hauteur équivalente, alimenté par une bobine traversée par un courant de 1 500 ampères, dispose d’une ouverture de 90 cm permettant d’accueillir un être humain. Cette prouesse technologique, fruit d’une collaboration franco-allemande, a été le fruit de recherches intensives menées sur plus de 20 ans.

Alors que deux projets concurrents aux États-Unis et en Corée du Sud partagent des objectifs similaires, aucun n’a encore atteint l’étape décisive de l’imagerie sur des sujets humains. L’un des principaux buts de cet IRM hors norme est d’affiner notre compréhension de l’anatomie cérébrale ainsi que des régions activées lors de diverses tâches cognitives.

Les scientifiques ont déjà constaté que différentes formes d’images, telles qu’un visage, un lieu ou un mot, activent des régions spécifiques du cortex cérébral. Grâce à cet IRM de 11,7 teslas, ils espèrent approfondir la compréhension de la relation entre la structure et les fonctions cognitives du cerveau, comme lors de la lecture ou de la résolution de problèmes mathématiques.

Outre ces aspects, les chercheurs visent également à éclaircir les mécanismes sous-jacents des maladies neurodégénératives telles que Parkinson et Alzheimer, ainsi que des troubles psychiatriques tels que la dépression, la bipolarité et la schizophrénie.

Dans cette optique, ils espèrent cartographier la distribution de certains médicaments, comme le lithium utilisé dans le traitement des troubles bipolaires. Le champ magnétique extrêmement puissant de la machine devrait permettre d’identifier les zones cérébrales cibles du lithium chez les patients et de distinguer les réponses au traitement.

Le recrutement de nouveaux volontaires sains est prévu d’ici la fin de l’été, mais l’étude des cerveaux de patients malades ne commencera que dans quelques années.

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