Une affaire tentaculaire : Nicolas Sarkozy et les soupçons de financement libyen
Un procès fleuve pour une affaire d’État
Lundi 6 janvier 2025 marque le début d’un procès historique devant le tribunal correctionnel de Paris. Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, accompagné de trois anciens ministres, se retrouve au cœur de cette affaire tentaculaire. Ils sont accusés d’avoir scellé un « pacte de corruption » avec le régime de Mouammar Kadhafi pour financer la campagne présidentielle victorieuse de 2007.
Au total, treize prévenus doivent répondre à des accusations graves : corruption active et passive, financement illégal de campagne électorale, association de malfaiteurs et recel de détournement de fonds publics libyens. Certains protagonistes clés, disparus ou en fuite, laissent planer leur ombre sur ce procès de trois mois.
Les accusations : un « pacte de corruption » avec Kadhafi
Nicolas Sarkozy, 69 ans, est jugé pour avoir pactisé avec le dictateur libyen, promettant des contreparties diplomatiques et économiques en échange d’un financement de 50 millions d’euros. Ces fonds auraient transité par un réseau complexe d’intermédiaires, selon les juges d’instruction. Claude Guéant, ancien bras droit de Sarkozy, est accusé d’avoir organisé ces flux financiers avec Ziad Takieddine, tandis que d’autres ministres, comme Brice Hortefeux et Éric Woerth, sont soupçonnés d’avoir facilité la circulation de l’argent.
Le clan libyen compte également des figures centrales comme Abdallah Senoussi, ancien chef des renseignements militaires, et Bachir Saleh, argentier du régime, aujourd’hui en fuite. Les carnets de Choukri Ghanem, ancien ministre libyen retrouvé noyé en 2012, évoquent des versements directs pour soutenir la campagne de Sarkozy.
Des intermédiaires et des montages financiers complexes
Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri, figures clés de l’affaire, incarnent deux réseaux parallèles d’intermédiaires ayant facilité les transferts de fonds entre la Libye et la France. Djouhri, également accusé d’avoir organisé des rétrocommissions, devrait être présent à l’audience, tandis que Takieddine, en fuite au Liban, sera jugé par défaut.
Des opérations opaques, comme la vente de tableaux par Claude Guéant ou des transactions immobilières surévaluées, mettent en lumière l’ampleur et la sophistication des montages financiers visant à dissimuler les flux d’argent.
Un procès sous haute tension
Nicolas Sarkozy encourt jusqu’à dix ans de prison, une amende de 375 000 euros et une interdiction de droits civiques et d’exercice public. Fidèle à sa ligne de défense, il qualifie les accusations de « fable » et se dit déterminé à prouver son innocence.
Ce procès, le cinquième en cinq ans pour l’ancien chef d’État, s’inscrit dans une série de condamnations déjà historiques. Entre la complexité des faits et les ramifications internationales, il illustre les zones d’ombre des relations entre la France et le régime Kadhafi.