Tandis que le décompte des victimes de l’incendie sur l’île de Maui ne cesse de croître, les opérations de recherche de survivants se poursuivent ce samedi. Face à la situation, l’avocate générale d’Hawaï a pris l’initiative d’amorcer une enquête sur la manière dont les autorités ont géré cette crise
« Analyser les décisions prises prioritairement à et pendant les incendies » : Tel est l’objectif de l’enquête déclenchée par Anne Lopez, la procureure générale d’Hawaï (États-Unis), à la suite des dévastateurs incendies qui ont ravagé l’île de Maui. Le dernier bilan provisoire des autorités locales, annoncé le samedi 12 août, fait état de 80 décès. John Pelletier, le chef de police du comté de Maui, a indiqué jeudi que jusqu’à 1 000 personnes pourraient être portées manquantes. Cependant, il a souligné que cela ne signifie pas qu’elles sont officiellement répertoriées comme disparues ou décédées.
Alors que le décompte des victimes se poursuit à Lahaina, la capitale historique d’Hawaï presque entièrement détruite, les résidents critiquent d’ores et déjà la gestion calamiteuse des incendies par les autorités locales. Cependant, les causes de ce lourd bilan ne sont pas uniquement attribuables à l’action humaine. H24 expose les raisons derrière l’une des pires catastrophes naturelles de l’histoire récente de l’archipel américain.
L’absence de déclenchement des sirènes d’alerte
La manière dont les feux ont été gérés par les humains suscite la controverse parmi les personnes touchées par les sinistres. Il est reproché le fait que les sirènes d’alerte incendie n’ont pas été activées malgré les multiples départs de feu. De plus, l’intervention des pompiers a été limitée à Lahaina, leurs efforts étant divisés en raison des incendies simultanés. Dans une situation d’urgence, une dizaine de résidents ont dû se réfugier dans la mer pour échapper aux flammes, d’après des garde-côtes interrogés par l’AFP. La Croix rapporte que des centaines de sirènes sont installées dans tout le territoire pour alerter les habitants d’un danger imminent. Toutefois, les alertes, généralement transmises par téléphone, n’ont pu être reçues en raison de l’absence de réseau. Jill Tokuda, élue démocrate d’Hawaï, a admis sur CNN : « Clairement, nous n’avons pas envisagé de solutions de secours pour garantir la sécurité des habitants. Nous avons sous-estimé la dangerosité et la rapidité du feu. »
William Harry, un résident de Lahaina, a rapporté à l’AFP qu’il n’a pu compter que sur le « réseau du bouche-à-oreille » pour échapper aux flammes. Un porte-parole de l’agence chargée de la gestion des crises à Hawaï a toutefois rappelé que des messages d’alerte ont bien été diffusés par le biais des médias audiovisuels et des téléphones portables des habitants. Face à ces différents éléments, Anne Lopez, la procureure générale de l’État américain du Pacifique, a annoncé l’ouverture d’une enquête visant à éclaircir la manière dont les autorités ont géré la crise.
La transformation des terres agricoles en végétation inflammable
Un autre facteur d’origine humaine explique l’ampleur des incendies qui ont ravagé Hawaï : le délaissement des terres agricoles dans les années 1990. Les champs autrefois bien entretenus, qui auraient pu freiner la propagation du feu, ont été remplacés par d’immenses étendues de végétation non indigène laissées à l’abandon, comme l’explique Clay Trauernicht, spécialiste des incendies à l’université d’Hawaï, sur Twitter.
Au cours des trois dernières décennies, des herbes envahissantes telles que l’herbe de Guinée et l’herbe fontaine ont été introduites par l’homme, comme le rapporte Libération. Ces herbes présentent deux caractéristiques : elles repoussent rapidement après un incendie, mais elles sont aussi plus susceptibles de s’enflammer. Le New York Times explique que les fermetures des exploitations de canne à sucre à Lahaina dans les années 1990 ont également entraîné la cessation des systèmes d’irrigation qui auraient pu limiter la propagation des incendies cette semaine.
L’île a été affectée par une sécheresse et des vents inhabituels Des conditions météorologiques particulièrement défavorables ont également joué un rôle dans le scénario catastrophique qui s’est déroulé sur l’île de Maui. Les flammes ont été attisées par des vents violents, dépassant les 100 km/h selon le service météorologique américain (NWS). Ces vents ont été alimentés par l’ouragan de catégorie 4 baptisé Dora, qui soufflait pourtant à plusieurs centaines de kilomètres au sud dans les eaux de l’océan Pacifique. Par conséquent, des rafales provenant de l’océan ont été transformées en « vents descendants » soufflant vers la ville depuis les pentes de l’île, selon l’analyse de Thomas Smith, professeur de géographie environnementale à la London School of Economics, interrogé par l’AFP. Ces vents sont généralement « secs et chauds », ce qui accentue la gravité des incendies, précise l’expert.
De plus, l’année a été exceptionnellement sèche à Hawaï, avec seulement 16% du territoire touché par une sécheresse « sévère » le mercredi 9 août, selon l’US Drought Monitor, un dispositif évaluant l’intensité de la sécheresse à l’échelle nationale. Kenneth Hara, commandant général de la garde nationale d’Hawaï, a déclaré avoir été prévenu « à l’avance par le service météorologique national » d’une « alerte rouge en raison des conditions de sécheresse ».
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