Trump-Musk : autopsie d’une rupture politique et personnelle ultra-médiatisée

De l’idylle à l’implosion. L’alliance entre Donald Trump et Elon Musk, autrefois vantée comme un pacte stratégique inédit entre pouvoir politique et puissance technologique, a explosé au grand jour. Ce jeudi 5 juin, après plusieurs mois d’ambiguïtés, de tensions larvées et de messages enflammés, la relation entre le président américain et l’homme le plus riche du monde s’est brutalement brisée sur fond de conflits budgétaires, désillusions stratégiques et ego surdimensionnés.

Une lune de miel éclair mais spectaculaire

Tout avait pourtant commencé sous les projecteurs. Après avoir survécu à une tentative d’assassinat à l’été 2024, Donald Trump reçoit le soutien public d’Elon Musk, qui injecte plus de 270 millions de dollars dans sa campagne présidentielle. Le patron de Tesla devient dès lors un acteur-clé de la reconquête républicaine, jusqu’à apparaître en meeting aux côtés du candidat, acclamé comme son « premier pote » et bientôt gratifié du surnom d’« oncle Elon » par la famille Trump elle-même.

L’euphorie culmine lors de la victoire de Trump, en novembre 2024. Musk célèbre alors « le retour du roi », et intègre l’administration présidentielle dès janvier 2025, en prenant la tête d’une commission chargée de « rationaliser » les dépenses fédérales : le Doge, ou Département de l’efficacité gouvernementale.

Une mission sabrée par la réalité

Très vite, la réalité freine les ambitions de Musk. Promis à des coupes massives de 2 000 milliards de dollars, le Doge ne réalise que 160 milliards d’économies effectives selon ses propres chiffres, largement contestés par les experts. De nombreuses agences, comme USAID, sont démantelées à la hâte, suscitant critiques, procès et déroutes logistiques dans le monde entier.

Face aux tensions internes et à des résultats décevants, Musk annonce en avril son retrait partiel de la vie politique, évoquant une expérience « peu amusante ». Fin mai, il officialise son départ du Doge, avant de décocher une série de critiques publiques à l’encontre du budget présidentiel, qualifié d’« abomination » sur son réseau X.

L’heure des règlements de comptes

Le divorce devient brutal. Donald Trump se dit « très déçu » et accuse Musk d’« ingratitude ». Le président va même jusqu’à menacer Tesla et SpaceX de sanctions, en évoquant la suppression des contrats et subventions fédérales. Musk riposte aussitôt en annonçant (brièvement) la fin de la mission spatiale Dragon, utilisée par la NASA. Puis, dans un geste aussi spectaculaire qu’explosif, il insinue sur X que le nom de Trump figurerait dans les dossiers Jeffrey Epstein — une accusation aussi grave qu’infondée.

Ce bras de fer public fait vaciller Wall Street : l’action Tesla s’effondre de plus de 14 %, et le monde politique observe, interloqué, la désintégration d’un duo qui cristallisait tant d’attentes.

Un clash qui désoriente jusqu’aux soutiens

Si certains voient dans cette rupture une simple joute d’egos, d’autres y lisent un signal plus profond : Elon Musk semble désormais vouloir s’extraire du marigot politique. Mais son influence reste entière. Sur X, il fustige les élus ayant soutenu la loi budgétaire de Trump, appelle à leur éviction lors des prochaines élections de 2026, et pousse même l’idée de dissoudre le Congrès en cas de forte inflation.

De quoi semer le trouble chez ses partisans, parfois perdus entre fidélité au mouvement MAGA et adhésion aux outrances du milliardaire. L’un d’eux résume ce malaise d’un simple message posté sous un tweet de Musk :
« Je ne sais plus si on est censés soutenir Trump ou le renverser. »