Nouvelle offensive commerciale des États-Unis : quels risques pour l’économie française ?

L’annonce par Donald Trump d’une nouvelle vague de droits de douane de 20 % sur les importations européennes secoue les exportateurs français. Plusieurs secteurs stratégiques, tels que les vins et spiritueux, l’aéronautique et les produits laitiers, se retrouvent en première ligne de ce bras de fer économique avec Washington.

Un marché clé pour les exportations françaises

Avec 47 milliards d’euros d’exportations vers les États-Unis en 2024, la France est fortement dépendante du marché américain, quatrième destination de ses biens après l’Allemagne, l’Italie et la Belgique. Certains secteurs sont plus vulnérables que d’autres à cette surtaxe, qui pourrait fragiliser de nombreuses entreprises.

L’aéronautique sous pression

Pilier des exportations françaises aux États-Unis, l’industrie aéronautique génère près de 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires outre-Atlantique. Si Airbus, grâce à son implantation industrielle en Alabama, pourrait partiellement atténuer l’impact des nouvelles taxes, d’autres acteurs comme Dassault Aviation, très dépendant du marché américain pour ses jets privés, risquent d’en subir pleinement les effets.

Coup dur pour le secteur viticole et les spiritueux

Les États-Unis sont de loin le premier marché étranger des vins et spiritueux français, représentant près de 25 % de leurs exportations en 2024, soit 3,8 milliards d’euros. Le cognac, qui à lui seul pèse 1,5 milliard d’euros, pourrait être particulièrement touché. La Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) estime que ces nouvelles taxes pourraient entraîner une perte de 800 millions d’euros pour les producteurs français.

Les produits laitiers dans l’incertitude

Le secteur laitier français exporte chaque année pour 350 millions d’euros de fromages et autres produits vers les États-Unis. Des acteurs de la filière s’inquiètent d’un impact majeur sur leurs ventes, notamment sur des fromages emblématiques comme le brie ou l’emmental, qui avaient déjà été affectés par une hausse des taxes en 2019.

Le luxe et la pharmacie, moins exposés

Bien que les États-Unis représentent un marché crucial pour le luxe français (4,5 milliards d’euros d’exportations en 2024), le secteur pourrait mieux absorber ces taxes grâce à son implantation locale et à la faible sensibilité de sa clientèle aux variations de prix. Hermès et LVMH ont d’ailleurs déjà annoncé qu’ils ajusteraient leurs tarifs en conséquence. De leur côté, les entreprises pharmaceutiques françaises, qui exportent pour 3,6 milliards d’euros vers les États-Unis, échappent à ces nouvelles taxes, les produits médicaux ayant été exemptés par l’administration américaine.

Une riposte attendue en Europe

Face à cette nouvelle offensive commerciale, Emmanuel Macron a convoqué une réunion d’urgence avec les représentants des secteurs les plus touchés et du patronat. Des mesures de soutien aux entreprises françaises sont envisagées, alors que Bruxelles prépare une éventuelle riposte face à ces taxes jugées injustifiées.

Si ces surtaxes représentent un choc pour plusieurs filières françaises, leur impact réel dépendra des ajustements stratégiques des entreprises concernées et des négociations à venir entre l’Union européenne et les États-Unis.