Trump relance la guerre commerciale : hausse des taxes contre la Chine, trêve de 90 jours pour les autres pays

Le président américain Donald Trump a déclenché une onde de choc sur les marchés en annonçant, mercredi 9 avril, une suspension temporaire de 90 jours des droits de douane dits “réciproques” pour plus de 75 pays, tout en durcissant significativement les mesures visant la Chine, désormais taxée à 125% sur ses exportations vers les États-Unis.

“En raison du mépris persistant de la Chine pour les règles du marché mondial (…), je relève immédiatement les droits de douane sur ses produits à 125%”, a-t-il déclaré sur son réseau Truth Social. “Mais face à la volonté de négociation de nombreux partenaires, j’ai autorisé une trêve tarifaire de 90 jours, avec des droits réduits à 10% pour ces pays”, a-t-il ajouté.

Une réaction immédiate des marchés et des partenaires internationaux

Cette volte-face partielle a eu des répercussions immédiates sur les marchés financiers : la Bourse de New York a bondi dans la foulée de l’annonce. Le Dow Jones a gagné 5,61%, le Nasdaq 7,44%, et le S&P 500 6,22%. En Europe, le CAC 40, après un rebond la veille, a replongé en clôture à -3,34%, son plus bas niveau en un an et demi.

De leur côté, les cours du pétrole se sont redressés après avoir chuté de plus de 5% dans la journée : le baril de Brent a terminé en hausse de 0,97% à 63,43 dollars, tandis que le West Texas Intermediate progressait de 1,17% à 60,28 dollars.

Un nouveau bras de fer avec Pékin

La Chine, directement ciblée par cette nouvelle salve tarifaire, a répliqué dans la journée en portant ses propres surtaxes à 84%, contre 34% initialement prévues. Pékin a dénoncé une « provocation commerciale » et appelé à une réponse coordonnée au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Malgré la montée des tensions, le secrétaire à la Défense américain Pete Hegseth a assuré que les États-Unis ne cherchaient “pas la guerre” avec la Chine, tout en défendant une ligne dure : “Nous devons prévenir la guerre en faisant preuve de fermeté face aux menaces économiques chinoises”, a-t-il déclaré lors d’une conférence au Panama, pointant notamment les investissements chinois jugés stratégiques dans l’énergie et les télécommunications.

L’Union européenne et ses membres divisés sur la riposte

En réponse à ces mesures, l’Union européenne a adopté une première série de contre-mesures. Dès le 15 avril, des surtaxes toucheront des produits américains variés tels que le maïs, le riz, les légumes surgelés, certains cosmétiques ou encore les jus de fruits. Ces mesures visent notamment les droits de 25% imposés par Washington sur l’acier et l’aluminium européens depuis mi-mars.

Mais des divisions apparaissent en Europe. Le ministre français de l’Industrie, Marc Ferracci, a mis en garde contre un possible “cavalier seul” de l’Italie, après que la Première ministre Giorgia Meloni a annoncé une visite à Washington le 17 avril pour discuter directement avec Donald Trump. “Trump cherche à diviser les Européens. Nous devons rester unis”, a insisté Ferracci. Et d’insister que par culture, les italiens sont “américanisés” !

De son côté, le ministre de l’Économie Éric Lombard a tenté de rassurer les entreprises françaises, estimant que l’impact économique serait “gérable à ce stade”, tout en reconnaissant que la situation marquait “un moment grave de notre histoire économique”.