Dominique Pelicot face à ses démons : révélations au procès pour viols sur son ex-épouse
Dans un procès qui suscite l’indignation, Dominique Pelicot a témoigné aujourd’hui, 3 octobre 2024, devant la cour criminelle de Vaucluse, où il est jugé pour avoir drogué et violé son ex-épouse, Gisèle Pelicot, ainsi que pour avoir orchestré des abus sexuels impliquant de nombreux hommes pendant dix ans. « Dans tout homme, il y a un démon. Le mien vient de mon enfance, » a déclaré le principal accusé, tentant de justifier ses actes.
Pelicot a exprimé son incapacité à expliquer les raisons de sa trahison, affirmant : « Je ne sais pas expliquer la vraie raison de mes actes. La seule chose que je sais, c’est que j’ai trahi sa confiance. » Il a reconnu les conséquences dévastatrices de ses actions sur sa famille, s’interrogeant : « Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? »
En réponse aux questions du président de la cour sur ses motivations, Pelicot a nié avoir considéré son épouse comme une « marchandise. » Il a souligné sa fierté de l’avoir à ses côtés, la décrivant comme « quelqu’un de très, très bien. » Cependant, il a admis avoir agi par égoïsme, précisant : « J’ai pensé à moi et non à elle. »
Au cours de son témoignage, Pelicot a évoqué un passé troublé, notamment un viol dont il dit avoir été victime à l’âge de 9 ans. « C’est pour cela que j’y travaille et que je travaillerai encore, » a-t-il ajouté, témoignant de sa quête de compréhension. En exprimant son regret d’être toujours en vie, il a déclaré : « J’aurais dû disparaître par la maladie en 2002, » après une opération chirurgicale.
Ce procès met en lumière non seulement une tragédie personnelle mais également les enjeux sociétaux autour des violences faites aux femmes. Les débats se poursuivent, tandis que l’audience soulève des questions profondes sur la nature humaine et les blessures du passé.
On est en plein cauchemar !
Jérôme V. : confession d’un accusé en quête d’explications
Mercredi, devant la cour criminelle de Vaucluse, Jérôme V., 46 ans, a déclaré : « Je n’y retournais pas parce que le mode viol me correspondait, mais parce que je ne pouvais pas contrôler ma sexualité. » Posté derrière le micro dans le box des accusés, cet homme semble avoir réfléchi sur lui-même durant ses trois ans et demi de détention. Interpellé en mars 2021, il est accusé d’avoir violé Gisèle Pelicot à six reprises, entre mars et juin 2020, pendant le confinement. Les enquêteurs ont relevé de multiples pénétrations vaginales et anales sur la victime inconsciente, ainsi que des fellations imposées, « avec la participation active de Dominique Pelicot ».
Au cours de son interrogatoire de personnalité, Jérôme V. a reconnu dès sa première garde à vue les faits qui lui sont reprochés, conscient du caractère transgressif de ses actes. Cependant, comme l’a noté l’experte psychologue qui l’a rencontré, « le plus important pour lui, c’était ses propres besoins ». Ce quadragénaire, au physique athlétique et grand amateur de course à pied, a expliqué avoir ressenti un besoin irrépressible de tromper ses partenaires. « Avec elles, je ne pouvais pas tout faire sexuellement, » a-t-il justifié lors de son expertise psychiatrique. Il a multiplié les conquêtes via des sites de rencontres, des clubs libertins et sur les plages naturistes du Cap d’Agde, affirmant que son addiction l’avait rendu de moins en moins exigeant.
Consommateur régulier de pornographie, Jérôme V. a admis avoir exploré divers contenus, précisant une préférence pour « la sodomie, les gros seins et le voyeurisme ». Il a aussi reconnu un intérêt pour la « somnophilie », tout en affirmant n’avoir consulté ce type de contenus que sporadiquement. Une assesseure a relevé qu’une liste de 89 prénoms féminins avait été trouvée à son domicile. Interrogé à ce sujet, il a acquiescé, déclarant : « J’ai eu besoin de compter les conquêtes, ce n’était pas que des infidélités. »
Ses anciennes compagnes n’ont pas été tendres à son égard, le décrivant comme « très tourné vers le jeu et le divertissement », et comme un homme « égocentrique, en manque d’assurance ». Son ex-épouse, dont il a eu deux enfants, a déclaré qu’il était « rigide et exigeant » et « obsédé par le poids et la nourriture ». Jérôme V. a reconnu que leur vie intime souffrait d’une monotonie, admettant : « Je lui reprochais de faire l’étoile de mer. »
En prison, Jérôme V. a tenté d’expliquer son comportement par un besoin de valorisation en tant qu’amant, lié à un « grand manque de confiance » en lui. Il a évoqué une enfance difficile, décrivant une mère cinglante et des années de souffrances à l’école. « J’étais le souffre-douleur de mon collège, » a-t-il relaté, affirmant que ses parents n’étaient pas en mesure d’entendre sa douleur.
Sur le plan professionnel, il se juge sévèrement, ayant enchaîné les échecs, passant de surveillant de collège à divers petits boulots. À l’époque des faits, il était employé chez un primeur et avait également exercé comme pompier volontaire de 2008 à 2016.
L’experte psychiatre a observé chez lui une « faille narcissique majeure », soulignant son incapacité à fonctionner seul et son besoin d’assistance constante. Face à la cour, Jérôme V. a expliqué sa venue chez Dominique Pelicot pendant le confinement par son état de célibataire. Bien qu’il continue à reconnaître les faits, il a également prétendu avoir été influencé par des photos pornographiques envoyées par Pelicot, tout en se défendant de vouloir se « cacher derrière une victimisation ».
L’experte n’a pas perçu de culpabilité chez lui, notant plutôt une tendance à rejeter la responsabilité sur son coaccusé et une absence d’empathie pour la victime. Jérôme V. a lui-même reconnu avoir « plus de mal qu’une personne lambda à se représenter la souffrance de l’autre. »
Tentant de montrer sa considération pour la victime, il a déclaré avoir été « très touché » par le témoignage de ce « petit bout de femme » et a reconnu avoir fait du mal à une personne « qui avait l’air d’être pure ». Il devra expliquer plus en détail ses actes lors de son interrogatoire sur le fond du dossier, prévu pour jeudi.